Titre : | De 'La mort d'Ivan Illitch', racontée par Tolstoï, à la culture palliative |
Auteurs : | GIL R, Aut. |
Type de document : | Article |
Dans : | NPG : NEUROLOGIE, PSYCHIATRIE, GERIATRIE (N°141, Juin 2024) |
Article en page(s) : | 161-169 |
Note générale : | /ascodo301 |
Descripteurs |
[SANTEPSY] ACCOMPAGNEMENT DU MOURANT [SANTEPSY] DOULEUR [SANTEPSY] FIN DE VIE [SANTEPSY] LITTERATURE [SANTEPSY] SOINS PALLIATIFS |
Résumé : | C’est dans le courant du XXe siècle que la douleur et la souffrance furent considérées comme des maladies qui devaient faire l’objet d’études scientifiques, mais aussi d’évaluations cliniques rigoureuses, d’une analyse de leurs conséquences sur la santé dans ses dimensions physiques, psychologiques, sociales et spirituelles. Car les douleurs devaient être traitées et accompagnées, quelles que soient les thérapeutiques nécessitées par la maladie causale. Mais même si la maladie responsable des douleurs ne pouvait pas être traitée, les personnes atteintes de douleurs et parvenues au stade avancé d’une maladie grave, ne devraient jamais être abandonnées. C’est ainsi que naquit le concept de soins palliatifs qui s’intégrèrent dans le système de santé. Leur mission est de soulager les souffrances, de contribuer au bien-être des personnes atteintes de maladies ou d’accidents graves en les accompagnant jusqu’au bout de la vie. Or l’angoisse de la mort, l’angoisse des souffrances de fin de vie affectent depuis toujours l’histoire de l’humanité. Bien avant que les soins palliatifs ne furent reconnus dans le système de santé, la littérature romanesque a raconté des récits de vie qui témoignent de l’angoisse liée aux souffrances et à la fin de vie et qui appellent à une relation de soins qui ne se limite pas à la dimension technique des actes médicaux. Dans la mort d’Ivan Illitch publiée en 1886, Léon Tolstoï, après avoir été lui-même confronté à l’angoisse de la mort, raconte comment la maladie a arraché un magistrat russe au cours de sa vie ordinaire. Il raconte comment Ivan Illitch a affronté une médecine cérémonieuse et paternaliste, comment les douleurs et les souffrances l’ont enfermé dans un sentiment de solitude, sans être compris par ses médecins, ses amis et sa famille. Il décrit l’angoisse, la révolte, le sentiment de déchéance. Il raconte enfin la relation d’écoute et d’accompagnement qui se noue entre lui et son valet, 'homme à tout faire', qui s’occupe des humbles besoins de son corps, qui le réconforte par ses gestes, ses paroles, sa présence. Ivan Illitch mourra, enfin apaisé. Et c’est ainsi que Léon Tolstoï préfigure les humbles aspects techniques et relationnels comme la diversité des intervenants (médecin, aide de vie) qui en lien avec les proches construisent les contours de ces soins appelés aujourd’hui palliatifs et qui sont la condition même d’une médecine soucieuse d’humanisation. La mort d’Ivan Illitch est un témoignage venu de loin qui appelle à l’enseignement et l’infusion de cette culture palliative dont notre monde a tant besoin. Quel serait le destin d’Ivan Illitch aujourd’hui ? [résumé d'auteur] |
En ligne : | https://doi.org/10.1016/j.npg.2024.02.003 |