Titre : | Aide active à mourir et maladie mentale : le concept d’incurabilité est-il scientifiquement acceptable et éthiquement recevable ? (2023) |
contenu dans : | |
Auteurs : | GIL ROGER, Aut. |
Type de document : | Article |
Dans : | ANNALES MEDICO PSYCHOLOGIQUES (10 vol 181, 2023) |
Article en page(s) : | 888-894 |
Note générale : | 15 réf. bibliogr./29 notes de bas de page/ascodo296 |
Langues: | Français |
Descripteurs |
[LISTES] BELGIQUE [LISTES] PAYS-BAS [SANTEPSY] CAS CLINIQUE [SANTEPSY] CONCEPT [SANTEPSY] ETHIQUE [SANTEPSY] EUTHANASIE [SANTEPSY] MALADIE INCURABLE [SANTEPSY] PATHOLOGIE PSYCHIATRIQUE |
Résumé : | Les lois ouvrant au droit d’obtenir une aide active à mourir concernent initialement des personnes atteintes d’affections incurables entraînant des souffrances insupportables et engageant le pronostic vital à court ou à moyen terme. Mais ces lois sont toujours suivies de propositions et de débats visant à étendre les indications de l’euthanasie ou du suicide assisté aux affections incurables, même si elles n’engagent pas le pronostic vital sitôt qu’elles entraînent des souffrances insupportables. Et c’est ainsi que certains pays acceptent que des maladies psychiatriques déclarées incurables constituent des indications permettant d’accéder à une aide active à mourir. C’est ainsi qu’en Belgique, aux Pays-Bas, la presse a rapporté le parcours de personnes dépressives ou atteintes de stress post-traumatique qui ont été euthanasiées au terme d’un parcours qui vise à recueillir deux avis psychiatriques déclarant leur affection incurable sans qu’il s’agisse d’une réflexion collégiale sur le diagnostic et sur les programmes thérapeutiques mis en œuvre. Dépression et stress post-traumatique ne représentent toutefois en Belgique que moins de la moitié des indications d’euthanasie pour maladie psychiatrique. Restent les malades étiquetés psychotiques et les troubles mal définis de la personnalité et du comportement. Les indications psychiatriques de l’euthanasie engagent des interrogations éthiques qui leur sont spécifiques. Comment ne pas souligner l’incertitude et la complexité du diagnostic qui ne peut pas en règle être étayé par l’imagerie ou la biologie ? Comment comprendre que des indications d’euthanasie soient acceptées pour des malades chez lesquels plusieurs diagnostics psychiatriques ont été posés ? D’un bout à l’autre de la procédure, le problème est de recueillir les avis de deux psychiatres déclarant que les troubles sont incurables, que les souffrances sont intolérables et que les capacités de discernement des malades sont préservées. La décision procède ainsi d’un paternalisme libertarien convaincu de la dimension humaniste de l’aide active à mourir et qui réalise une incitation (nudge) dont l’objectif, fixé par la loi, est seulement de savoir si les souffrances sont incurables, sans remettre en question le diagnostic et les programmes thérapeutiques. Comment affirmer qu’une maladie mentale est incurable ? Comment distinguer le dégoût de la vie de la personne déprimée et la souffrance dite existentielle ? Comment concilier la prévention du suicide en cas de dépression et d’isolement social et en même temps encourager le suicide assisté ou l’euthanasie de ces mêmes personnes. Quels sont les critères qui permettraient de vérifier que les capacités de discernement sont préservées ? Le danger n’est-il pas, au nom d’un acharnement autonomique, de déclarer qu’une personne est autonome alors qu’elle est soumise à l’hétéronomie d’une dépression, d’un délire, de troubles obsessionnels ? Le monde de la psychiatrie ne peut pas éluder de tels questionnements éthiques. Ainsi, la Société américaine de psychiatrie a estimé qu’un 'psychiatre ne doit pas prescrire ou administrer tout produit ayant pour but de provoquer la mort d’une personne malade qui n’est pas en phase terminale'. D’autres associations psychiatriques ont des positions hésitantes. Le débat doit être ouvert. Il doit concerner celles et ceux qui traitent, soignent et accompagnent ces personnes de tous âges dont la santé mentale est souffrante. Il doit, au-delà, concerner chaque citoyenne, chaque citoyen. [résumé d'auteur] |
En ligne : | https://www.em-premium.com/article/1634214 |