Titre : | Trouble dysphorique prémenstruel : prises en charge médicamenteuses et psychothérapeutiques, une revue de littérature |
Auteurs : | MARAIS-THOMAS HÉLÈNE, Aut. ; CHAPELLE FRÉDÉRIC, Aut. ; VAUX-BOITOUZET VÉRONIQUE DE, Aut. ; BOUVET CYRILLE, Aut. |
Type de document : | Article |
Dans : | ENCEPHALE (2 vol 50, 2024) |
Article en page(s) : | 211-232 |
Note générale : | 96 réf. bibliogr./Fig./Tabl./ascodo302 |
Descripteurs |
[SANTEPSY] ANTIDEPRESSEUR [SANTEPSY] DIAGNOSTIC [SANTEPSY] PREVALENCE [SANTEPSY] STIGMATISATION [SANTEPSY] SYNDROME PREMENSTRUEL [SANTEPSY] THERAPIE COMPORTEMENTALE ET COGNITIVE [SANTEPSY] TRAITEMENT |
Résumé : | Introduction : Le trouble dysphorique prémenstruel (TDPM) est reconnu pour la première fois en juillet 2013 dans le DSM-5 après un long parcours pour identifier son existence. Ce n’est qu’en 1983 que l’institut national de la santé mentale américaine détermine des critères de recherche pour l’étude sur le syndrome prémenstruel. En 1994, Le terme 'trouble dysphorique prémenstruel'(TDPM) remplace ce terme dans la quatrième édition du Diagnostic System Manuel (DSM), il est inscrit dans la section 'Trouble de l’humeur non spécifié' et restera à l’étude jusqu’au DSM-5, dans lequel il apparaîtra dans la section des troubles dépressifs. La légitimation du diagnostic psychiatrique ainsi que la détermination de critères de symptomatologie clairs en 2013 ouvrent sur des possibilités de prises en charge, de développement des études cliniques, physiopathologiques, thérapeutiques et psychothérapeutiques. Ce trouble invalidant peut retentir sur la vie personnelle, sociale, familiale et professionnelle. En 2019, la CIM-11 fait apparaître à son tour le diagnostic de trouble dysphorique prémenstruel, ce qui solidifie la reconnaissance du trouble. Objectif : (I) faire le point sur les traitements existants, médicamenteux et psychothérapeutiques, ainsi que (II) faire le point sur leur efficacité. À l’issue de ce travail nous formulerons des recommandations pour les prises en charge de ces patientes. Méthodologie : Une recherche bibliographique a été effectuée du 7 juin 2021 au 7 juillet 2021 sur les bases de données Psychinfo APA, Scopus, PubMed, ainsi que les bases de données de l’organisation Cochrane et les documents de recommandations de la Haute Autorité de la santé. Après une première sélection à partir de mots-clés, une lecture du texte intégral de l’ensemble a été effectuée pour arriver à la sélection finale de 32 articles. Résultats : Les antidépresseurs et les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) apparaissent comme les traitements majoritairement recommandés dans la prise en charge du TDPM. D’autres recherches montrent l’efficacité des contraceptifs oraux comprenant de la drospirénone. On identifie les inhibiteurs sélectifs de la recapture de sérotonine (ISRS) comme étant un traitement efficace du TDPM. Ces données vont dans le sens de l’hypothèse étiologique actuelle du TDPM qui est un impact négatif des fluctuations hormonales naturelles sur certains neurotransmetteurs. Les TCC montrent des résultats positifs pour réduire l’impact fonctionnel du TDPM. Discussion : Les antidépresseurs de type inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine (ISRS) seraient les traitements de première intention du TDPM (sertraline 50–150 mg/j, la fluoxétine 10–20 mg/j, l’escitalopram 10–20 mg/j, la paroxétine 12,5–25 mg par jour/j). La drospirénone (EE 3 mg et EE 20 mg/j 24 jours de pilules hormonales, 4 jours inactifs) apparaît comme un traitement de première intention ou de deuxième intention en fonction des articles. Les résultats actuels vont clairement dans le sens d’une efficacité de la TCC pour contribuer à réduire : l’atteinte fonctionnelle, l’humeur dépressive, le sentiment de désespoir, l’anxiété, les sauts d’humeur, la sensibilité, l’irritabilité, l’insomnie, les conflits avec les autres, l’impact des symptômes prémenstruels sur la vie quotidienne, l’intensité des symptômes ressentis et le handicap des symptômes. Les TCC pourraient également apparaître dans les traitements de première intention si les preuves de leur efficacité étaient plus nombreuses. Dans l’avenir, il semble utile de proposer une prise en charge psychothérapique qui puisse être reproductible et de multiplier les recherches d’un haut niveau de comparabilité scientifique afin de clarifier la place des TCC dans la prise en charge du TDPM. Les recherches sur l’étiopathologie du trouble et le schéma thérapeutique médicamenteux optimal sont encore en cours. Il est nécessaire de développer des techniques psychothérapeutiques adaptées afin de soutenir et d’accompagner ces patientes. Conclusion : Pour permettre une meilleure évaluation des traitements du TDPM, l’homogénéisation des études sur le sujet est nécessaire à plusieurs niveaux : design, doses de traitements, techniques psychothérapeutiques, et mesures d’évaluation. À l’heure actuelle, certaines études portent à la fois sur des patientes qui souffrent de syndrome prémenstruel (SPM) et sur des patientes qui souffrent de TDPM. Le SPM et le TDPM n’incluent pas les mêmes symptômes, ni la même sévérité et potentiellement pas la même étiologie chez les patientes étudiées. Afin de proposer des recherches rigoureuses qui évaluent l’efficacité des traitements sur le TDPM et d’accompagner correctement les personnes atteintes de ces troubles, il semble essentiel de bien distinguer les deux pathologies. Le rôle du praticien de santé est de savoir identifier le TDPM en le différenciant d’autres troubles cliniquement proches. La patiente doit ensuite être accompagnée pour faire un choix de traitement adapté en fonction des symptômes, de leur sévérité, des antécédents, de ses projets de procréation, des contre-indications et de ses préférences. En 2021, la Haute Autorité de la Santé ne propose aucun guide ou recommandation pour la gestion du trouble dysphorique prémenstruel. Il est nécessaire de développer les recherches en France. [Résumé d'auteur] |
En ligne : | https://www.em-premium.com/article/1656807 |