Titre : | Les conséquences psychologiques du COVID long : effet des incertitudes, des stratégies de coping, du soutien social et de la qualité de vie sur la dépression |
Auteurs : | LEVENT-KRAUSKOPFF SANDRINE, Aut. ; GUEDJ MYRIAM, Aut. |
Type de document : | Article |
Dans : | ANNALES MEDICO PSYCHOLOGIQUES (Vol. 182 N°6 , Juin 2024) |
Article en page(s) : | 497-503 |
Note générale : | 35 réf. bibliogr./Tabl./ascodo303 |
Descripteurs |
[LISTES] COVID-19 [LISTES] ECHELLE SF-36 [LISTES] HOSPITAL ANXIETY AND DEPRESSION SCALE (HADS) [SANTEPSY] ACCOMPAGNEMENT [SANTEPSY] AJUSTEMENT PSYCHIQUE [SANTEPSY] CONSEQUENCE [SANTEPSY] DEPRESSION [SANTEPSY] PANDEMIE [SANTEPSY] QUALITE DE VIE |
Résumé : | Objectifs : De nombreuses personnes ont été infectées par le COVID-19 et pour une minorité d’entre elles, des symptômes multi-systémiques, fluctuants et impactant la qualité de vie, ont persisté au-delà de 20 jours. Le COVID long a été d’abord défini par les patients eux-mêmes au printemps 2020 pour décrire leurs parcours de non-récupération. Plus précisément, le COVID long est défini comme 'une constellation de symptômes physiques et mentaux qui peut persister ou émerger par la suite, façonnant un syndrome multi-systémique et invalidant, qui varie d’un patient à l’autre et qui fluctue dans le temps'. La persistance des symptômes du COVID, la diminution de la qualité de vie, l’incertitude quant à l’avenir, assorties parfois d’un faible soutien social perçu dans l’entourage médical et personnel, ont pu favoriser la survenue d’un trouble dépressif chez les patients atteints de COVID-long. L’objectif de cette recherche a été d’étudier l’effet des symptômes du COVID-long, des incertitudes et de l’altération de la qualité de vie sur les symptômes anxiodépressifs, tout en identifiant l’impact de variables modératrices comme les stratégies de coping et le soutien social. Matériel et méthode : Deux cent quatorze participants atteints de COVID long (âgés de 18 à 68 ans, M = 44 ans, ET = 11), dont 93 % de femmes (n = 200) et 7 % d’hommes (n = 14), ont participé à cette étude quantitative transversale entre les mois d’avril et de juin 2022. Ils ont décrit leurs symptômes et répondu à cinq échelles : l’échelle d’intolérance à l’incertitude (EII), l’échelle des stratégies de coping (WCC), l’échelle de mesure de la qualité de vie (MOS SF-36), l’échelle de soutien social perçu (QSSP), et l’échelle de mesure d’anxiété et de dépression (HADS). Résultats : Les participants ont déclaré des symptômes de fatigue 91 % (n = 171), de perte de concentration 52 % (n = 111), de douleurs 51 % (n = 110), de troubles du sommeil 49 % (n = 104) et des difficultés de mémorisation 41 % (n = 88). En comparaison avec la population générale, ils présentaient une qualité de vie dégradée, ainsi que des scores d’anxiété, de dépression et d’intolérance à l’incertitude élevés. Les scores aux stratégies de coping étaient également supérieurs aux normes relatives à la population générale, et ceux de la satisfaction du soutien social étaient généralement bons. Il est également apparu que les variables de l’intolérance à l’incertitude, de la qualité de vie et de la dépression étaient toutes corrélées entre elles. Par ailleurs, l’analyse de régression a permis de mettre en évidence les prédicteurs de la dépression. Ainsi les domaines de la qualité de vie Bien être émotionnel (? = –0,41, t (199) = –6,23, p < 0,01) et Fatigue/énergie (? = –0,16, t (199) = –2,83, p < 0,01) étaient des prédicteurs négatifs de la dépression, tout comme le score de coping centré sur le problème (? = –0,14, t (199) = –2,84, p < 0,05). Les symptômes de la maladie en lien avec les difficultés de concentration (? = 0,27, t (199) = 5,16, p < 0,01) et ceux impactant les projets (? = 0,18, t (199) = 3,31, p < 0,01) étaient quant à eux des prédicteurs positifs de la dépression. Le deuxième constat de cette étude est que les personnes prises en charge spécifiquement pour leur COVID long présentaient des scores significativement moins élevés d’anxiété et d’intolérance à l’incertitude malgré des scores à certaines dimensions de la qualité de vie plus faibles. Également, les personnes prises en charge dans notre étude développaient davantage de stratégies de coping basées sur le problème et déclaraient davantage de disponibilité et de satisfaction liées au soutien social. Enfin, sur le plan de la qualité de vie, la population prise en charge a exprimé une meilleure santé psychique. Conclusions : L’étude a montré, outre l’influence des symptômes du COVID long, de la qualité de vie, et des stratégies de coping sur les symptômes dépressifs, que la prise en charge spécifique des patients atteints de COVID long semble constituer en elle-même un facteur de protection de la dépression et de l’anxiété. Il apparaît donc essentiel que tout patient présentant un COVID long puisse bénéficier d’une prise en charge pluridisciplinaire spécifique à cette pathologie. [Résumé d'auteur] |
En ligne : | https://www.em-premium.com/article/1670537 |