Titre : | Expressions cliniques et projectives de la distorsion et de la répression de l'affect chez les femmes victimes d'inceste (2021) |
contenu dans : | |
Auteurs : | MAZOYER ANNE-VALÉRIE ; CAMPS FRANÇOIS-DAVID ; BALLET VÉRONIQUE ; ROQUES MARJORIE |
Type de document : | Article |
Dans : | ANNALES MEDICO PSYCHOLOGIQUES (2 vol 179, 2021) |
Article en page(s) : | 152-160 |
Note générale : | 55 réf. bibliogr. |
Descripteurs |
[SANTEPSY] AFFECT [SANTEPSY] CAS CLINIQUE [SANTEPSY] INCESTE [SANTEPSY] PULSION [SANTEPSY] REPRESENTATION [SANTEPSY] TRAUMATISME [SANTEPSY] VICTIME |
Mots-clés libres: | TEST DE RORSCHACH |
Résumé : | Objectifs : L'originalité de notre travail porte sur le destin des affects chez des femmes adultes ayant subi des agressions sexuelles répétées de la part de leur père durant leur enfance et-ou leur adolescence. Nous nous intéresserons plus particulièrement aux effets du trauma sur leur vie affective. Méthodes : Une méthodologie qualitative a été choisie, combinant entretiens cliniques de recherche et épreuve projective du Rorschach pour trois femmes suivies dans une association d'aide aux victimes. Après qu'elles eurent donné leur accord, nous nous sommes assurés qu'elles étaient suivies par un thérapeute car la recherche pouvait réactiver des souvenirs dramatiques et provoquer chez elles du mal-être. Résultats : A partir du Rorschach, nous pouvons repérer le manque de liaison entre affect et représentation chez nos patientes. Pour deux patientes, l'affect est volatil, pouvant être de nature plaisante puis basculer rapidement dans le déplaisir ou générer de l'angoisse. Chez la troisième patiente, il est réprimé. Cette répression empêche l'expression des affects qui échoueraient à être pris en charge par le psychisme du fait de leur caractère désorganisant. Discussion : Chez des femmes ayant vécu une expérience traumatique telle que l'inceste, la vie affective semble touchée, atteinte. A l'issue de cette recherche, le terme de distorsion est discuté, renvoyant d'une part à la déformation et d'autre part, au mouvement imposé. l cumule donc l'idée de contrainte par l'autre et de discontinuité (touchant au mode de la qualité). Nous pouvons émettre l'hypothèse que l'affect serait distordu, en raison d'une impossibilité précoce de l'environnement à donner du sens aux éprouvés du jeune enfant. Ce dernier a été pris précocement dans le désir du parent incestueux, l'amenant à se soumettre aux attentes de l'agresseur et à s'oublier. En plus de la distorsion, une autre voie peut être possible, celle de la répression où l'affect est réprimé, le sujet se retirant de sa vie psychique et émotionnelle afin de ne plus ressentir. Distorsion affective et répression semblent associées au clivage du moi car le sujet se coupe d'une partie de lui-même en refusant de reconnaître des pans de sa vie émotionnelle (répression), ou d'identifier des affects comme s'il avait perdu sa capacité de discrimination (le plaisant-le mauvais). Ne peut-on pas y voir un effet de l'identification à l'agresseur ? Conclusion : Reconnaître les destins de l'affect (distorsion et répression) chez des femmes ayant subi un inceste nous encourage à interroger les modalités d'accompagnement thérapeutique classique basées sur la libre association. Dans un premier temps, cet appel à l'associativité pourrait s'apparenter à une menace à laquelle le sujet répondrait soit par un repli, une mise en retrait (anesthésie affective), soit par un sentiment de dilution des limites. Afin d'aménager le cadre thérapeutique, le clinicien, en s'appuyant sur le transfert et le contre-transfert, pourrait offrir des mots pour qualifier l'expérience affective malmenée par l'inceste. En effet, ce dernier a pu redoubler la difficulté à identifier et à reconnaître ce qui est bien, mal, plaisant ou au contraire déplaisant en lien avec des expériences primaires, ayant entravé la fonction réflexive. [résumé d'auteur] |
En ligne : | https://www.em-premium.com/article/1428563 |