Titre : | Discours de banalisation chez les personnes condamnées : de quelques aspects cliniques en contexte pénitentiaire (2020) |
Auteurs : | DENANS JULIEN |
Type de document : | Article |
Dans : | EVOLUTION PSYCHIATRIQUE (2 vol 85, 2020) |
Article en page(s) : | 229-238 |
Note générale : | Bibliogr. |
Descripteurs |
[SANTEPSY] ALTERITE [SANTEPSY] CONDAMNATION [SANTEPSY] DISCOURS [SANTEPSY] LIEN SOCIAL [SANTEPSY] PRISON [SANTEPSY] RESPONSABILITE |
Résumé : | L'emploi de la terminologie de ' banalisation ' s'est largement répandu dans le contexte judiciaire et pénitentiaire, comme une manière descriptive pour le professionnel (conseiller pénitentiaire, psychologue, magistrat?) de rendre compte de l'écart entre un délit institutionnellement sanctionné et le regard qu'y pose la personne condamnée. Ainsi entendons-nous parler au quotidien de personnes sous main de justice qui ' banalisent leurs actes ', sans pour autant que cette banalisation recouvre une définition claire et une opérationnalité, apparaissant davantage comme une catégorie générale et parfois ' fourre-tout '. Cet écrit se donne pour objectif d'interroger l'usage de la banalisation afin de lui donner une définition plus précise, en particulier en fonction de ses enjeux psychodynamiques. À partir d'une pratique de psychologue en service pénitentiaire d'insertion et de probation, s'appuyant sur un matériel clinique autour de discours de banalisation, nous proposons de développer certains aspects de tels ancrages discursifs qui se situent à la croisée du sujet singulier et de la référence sociale, ou qui interrogent encore la notion de mécanisme de défense. Un détour par les travaux de H. Arendt permettra, en outre, d'élargir le champ théorique aux catégories de l'activité de pensée, de la responsabilité individuelle, du rapport à l'institution et à la culture (interdit, droit, normes?), tout comme de poser la distinction entre banalité et banalisation. Le discours de banalisation témoigne pour le sujet d'enjeux psychodynamiques en termes de capacité de penser ses actes, de dialectiser sa responsabilité individuelle, de se situer dans un rapport d'altérité, lesquels enjeux sont aussi à appréhender dans leurs connexions sociales (règles de vivre ensemble, normatif, institué). Les discours de banalisation impliquent de ce point de vue le sujet comme sujet du langage et du lien social, incarné ici dans le contexte institutionnel judiciaire et pénitentiaire. Le discours de banalisation, à la condition d'être questionné en dehors de simples considérations morales ou de jugement, ouvre à une figure discursive complexe pour le professionnel, au vu des déterminismes psychodynamiques, des références au cadre symbolique institutionnel et de l'expression d'une pratique de langage au sein du lien social. La banalisation interroge, de ce point de vue, le sens de la peine et les dispositifs de probation mis en place autour de la responsabilisation de la personne sous main de justice. La banalisation, au-delà de la personne qui banalise, renvoie à une vision clinique plus large en milieu pénitentiaire, dès lors qu'elle touche à la subjectivation de l'événement judiciaire, aux modalités d'inscription du sujet dans le lien social et à ce qui le régule, aux préoccupations empathiques, à la capacité à penser ses actes, au rapport au référentiel commun et ses impératifs de limites? En cela, la banalisation se pose comme une figure de langage qu'il s'agit d'appréhender au-delà de la simple description d'un écart de représentation. [résumé d'éditeur] |
En ligne : | https://www.em-premium.com/article/1363775/article/discours-de-banalisation-chez-les-personnes-condam |