Résumé :
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On estime généralement que, dès la fin des années 1960, un W. R. Bion intellectuellement ' moins rigoureux ', voire tout à fait hermétique, se fait jour, mettant soudain en cause l'approche scientiste qui avait jusque-là fermement guidé ses hypothèses. Rappelant l'interdit kantien de l'accès à la chose en soi, cet article essaie de montrer que, aux antipodes d'un mouvement de rupture idéologique ou d'appauvrissement théorique, l'introduction par Bion d'une approche dite ' mystique ' à cette époque ne fait que de nous conduire au point exact où, au bout d'un long parcours de recherches, sa réflexion épistémologique le mène. Sous l'apparence d'un retournement vertigineux, l'oeuvre de Bion resterait en effet tout entière traversée par un unique fil rouge : le problème de la connaissance en général, et  dans la continuité de Freud  le problème de la connaissance de l'inconscient en particulier. Car affirmer la possibilité de la psychanalyse, c'est aussi démontrer, dans la théorie et dans la pratique, la façon dont le matériel inconscient, par définition inaccessible, acquiert son interprétabilité au sein de la relation analytique.
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