Titre : | La contrainte consentie : après le DSM-5, quelle thérapie BDSM ? (2019) |
Auteurs : | ANDRIEU BERNARD ; LAHUERTA CLAIRE |
Type de document : | Article |
Dans : | EVOLUTION PSYCHIATRIQUE (2 vol 84, 2019) |
Article en page(s) : | 261-276 |
Note générale : | Bibliogr. |
Descripteurs |
[SANTEPSY] COMPORTEMENT SEXUEL [SANTEPSY] CONSENTEMENT AUX SOINS [SANTEPSY] DSM [SANTEPSY] NOSOGRAPHIE PSYCHIATRIQUE [SANTEPSY] PARAPHILIE [SANTEPSY] PSYCHOTHERAPIE |
Résumé : | Le BDSM est un acronyme imbriqué faisant référence aux pratiques de bondage et de discipline, de domination et de soumission, de sadisme et de masochisme. L'American Psychiatric Association a 'dépathologisé', après le DSM-IV, malgré sa justification clinique, le kinky sex ? y compris le cross-dressing, les fétiches et le BDSM ? dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, cinquième édition (DSM-5). Désormais, les paraphilies sont considérées comme des 'intérêts sexuels inhabituels'. Plusieurs études psycho-sexologiques, que nous analysons ici, utilisent les pratiques sadomasochistes, dites BDSM (Bondage, Discipline, Domination, Soumission, Sadomasochisme) comme des études de cas psychiques, non plus comme comportements déviants, mais bien au contraire en termes de conduites 'communes', car adoptées par un grand nombre d'individus. Ces individus utilisent la contractualisation consentie dans un cadre précis, qui peut être un apport considérable dans l'accueil thérapeutique. Plutôt que de les considérer comme une perversion, les études actuelles sur la psychiatrie du BDSM et la psychologie des subsexualities ont renversé l'analyse déviante en une étude scientifique des effets des pratiques BDSM notamment sur leurs bénéfices sur l'humeur, sur le stress ou sur la dépression. Le projet BDSM et thérapie est soucieux d'articuler les risques possibles du jeu BDSM et de clarifier les situations limites où le jeu BDSM n'est pas sain ou utile. La thérapie BDSM a-t-elle pour objectif de régulariser les pratiques BDSM et de les calibrer ? Certains membres de la communauté BDSM ont exprimé les points suivants : Des barrières sociales peuvent se développer entre soi et les amateur(e)s ; Aliénation et isolement par la stigmatisation qui peut produire des stéréotypes négatifs intériorisés ; Risques liés à des limites poussées trop loin (mal identifiées en amont) dans une scène ; Potentiel de déshumanisation et de destruction du BDSM dans certaines situations unsafe du BDSM. La thérapie BDSM, tant dans la clinique que dans la pratique communautaire, repose sur le consentement et le respect des limites de chacun(e) (safe et secure). Le SM peut être une psychothérapie pour le-la soumis(e) mais aussi pour le/la dominant(e). La thérapie BDSM consisterait, par la contrainte, à modifier le sens de la souffrance corporelle pour transformer celle-ci : le BDSM n'implique pas nécessairement de douleur (fluctuant par exemple dans les pratiques de bondage ou de domination psychologique ; par ailleurs la dimension sexuelle y est très variée, parfois non génitale, voire absente). Pour fonctionner, le processus thérapeutique BDSM exige au moins trois conditions : (1) la relation BDSM engage un(e) dominant(e) et un(e) dominé(e) (volontaires) ; (2) ce binôme érotique fonctionne dans un cadre strictement codifié ; (3) le-la dominant(e) est 'thérapeutisant(e)' en ce qu'il fait preuve d'empathie envers le/la dominé(e) ; le/la dominé(e) respecte les limites du-de la dominant(e) ; (4) le flux est à double sens avec les 'souminatrices' par exemple, qui sont des soumises résistantes et désobéissantes, explorant leurs propres limites au contact du-de la dominant(e). [résumé d'éditeur] |
En ligne : | https://www.em-premium.com/article/1296742/ |