Titre : | L'effet Josephine Baker : récit d'une contribution méconnue mais décisive aux théories psychanalytiques de la sublimation (2018) |
contenu dans : | |
Auteurs : | SAUVAGNAT FRANÇOIS ; CHARLES-NICOLAS AIMÉ |
Type de document : | Article |
Dans : | ANNALES MEDICO PSYCHOLOGIQUES (7 vol 176, 2018) |
Article en page(s) : | 635-643 |
Note générale : | 18 réf. bibliogr./Ill. |
Descripteurs |
[SANTEPSY] ART [SANTEPSY] BIOGRAPHIE [SANTEPSY] CHOSE [SANTEPSY] PEINTURE [SANTEPSY] SUBLIMATION |
Mots-clés libres: | BAKER JOSEPHINE ; KLEIN MELANIE ; LACAN JACQUES ; MICHAELIS KAREN ; WALTON JEAN ; WEBER LEIGH-KJAER RUTH ; BAKER Joséphine |
Résumé : | L'acception courante du terme sublimation en fait un processus de transformation de l'énergie sexuelle et agressive en une énergie socialement acceptable investissant des activités artistiques et intellectuelles. Cette notion est, en réalité, complexe. Nous rapportons une histoire étrange et bien réelle qui contribua de façon décisive à la construction de la notion de sublimation. Elle fait intervenir notamment Melanie Klein et Jacques Lacan qui dialoguent par l'entremise de Karen Michaelis - que Lacan prend pour une psychanalyste. C'est l'histoire d'une Danoise dépressive, Ruth Weber-Kiaer, qui, face à une 'place vide' laissée par une peinture, a décompensé brutalement. À la surprise de l'entourage, cette femme, qui n'avait jamais étudié la peinture, a réagi en peignant sans modèle un nu féminin particulièrement réussi, celui de Joséphine Baker (janvier 1929). Ce 'miracle' a été raconté dans une revue par son amie Karen Michaelis, puis commenté abondamment, la même année par Melanie Klein. La question, selon Klein, est de comprendre ce qu'est 'l'espace vide' chez Ruth Kjäer, 'ou plus précisément, quel est le sens de ce sentiment que quelque chose manque dans son corps ?'. Pour Klein, la réponse est l'équivalent féminin de l'angoisse de castration chez les garçons. Le tableau est donc le portrait de Josephine Baker dont le talent de danseuse inventif et innovant avait créé une fascination et influençait les mentalités. Pour Klein, ce portrait est une tentative de réparation de l'agression psychologique primitive faite à la mère. Lacan reprend la question par le biais de la sublimation et sans qu'il ait vu le tableau, il soupçonne de qui il s'agit (Josephine Baker) et il en fait le paradigme de sa théorie du vase incarnant das Ding... ce qui est précisément ce que représente le tableau ! Le vase de la création ! Une reproduction du tableau est présentée ici. Ruth Weber en effet y dispose un vase qui en quelque sorte signe une mutation qualitative de la figure vide : le vide maternel devient un vide structuré, renvoyant le sujet à ses propres potentialités, appelant à la créativité. Ce récit a fait l'objet d'une relecture par Jean Walton (1995) qui souligne la présence dans la fantasmatique féminine américaine d'une instrumentalisation dégradante des figures noires qu'il ne faudrait pas sous-estimer et qu'elle semble relier à une racialisation de la pensée aux États-Unis. [résumé d'auteur] |
En ligne : | http://www.em-premium.com/article/1243448 |