Titre : | Les effets d'annonce dans l'infection à VIH et leur destin (2018) |
Auteurs : | SERHANI BELAID BELDHIA |
Type de document : | Article |
Dans : | ANNALES MEDICO PSYCHOLOGIQUES (5 vol 176, 2018) |
Article en page(s) : | 471-476 |
Note générale : | 21 réf. bibliogr. |
Descripteurs |
[SANTEPSY] ANNONCE DU DIAGNOSTIC [SANTEPSY] DEUIL [SANTEPSY] SIDA [SANTEPSY] SOUFFRANCE PSYCHIQUE [SANTEPSY] TRAUMATISME |
Résumé : | Objectifs : Cet article décrit les réactions psychologiques observées lors de l'annonce de l'infection à VIH qui peuvent parfois prendre une allure pathologique et discute de l'intérêt d'une prise en charge psychologique. Malgré les précautions dont elle peut être entourée et malgré les avancées médicales de ces 20 dernières années, l'annonce de cette maladie équivaut toujours à une condamnation aux résonnances profondes. Si chaque expérience personnelle est intime, il y a des éléments communs à l'infection à VIH. Matériel et méthodes : Dès l'annonce, une parole de mort est dite. Le patient se trouve aussitôt pris entre deux sollicitations qui fonctionnent ensemble : le trauma de l'annonce liée à l'irruption du réel de la mort sur la scène psychique et la structure médicale qui en redouble les effets traumatiques en instrumentalisant au lieu de permettre la fantasmatisation. Presque tous décrivent une sidération. Ils évoquent la prise en charge médicale, mais ne parlent pas ou très peu des échanges qui l'ont accompagnée. Ils font part d'un vécu de déréalisation et de dépersonnalisation. Rien ne leur semble réel à ce moment-là, y compris leur corps. Cette situation qui met en jeu le vital pose sans cesse la question des limites et des assises corporelles. S'observent alors des variations autour de l'identité. Ici, l'inquiétant prend le pas sur l'étrange. Le patient a le sentiment d'être habité par un hôte hostile. Un étranger, un 'intrus' qui peut l'entraîner à tout moment vers un changement catastrophique (Bion) par ces effets destructeurs sur l'organisme. Cet 'intrus' figuré par la maladie modifie l'identité du sujet qui devient étranger à lui-même. Il devient son propre intrus. Les récits du philosophe Jean-Luc Nancy L'intrus, ainsi que celui de la romancière Siri Hustvedt, La femme qui tremble, vont nous permettre de mieux saisir comment la confrontation au réel de la mort fait effraction dans le psychisme pour s'y inscrire sur le modèle de la métaphore de 'l'intrus'. Ce dernier le renvoie à ce qu'il n'est plus et à ce qu'il a perdu. Discussion : La détresse observée mobilise un important dispositif défensif dont les diverses expressions rappellent certaines observations faites par des psychanalystes anglo-saxons sur des enfants 'coupés' de l'objet maternel, et en proie à l'angoisse d'abandon et donc en quête de sécurité vitale. Selon la façon dont ce moment traumatique va être négocié, il peut donner lieu ou non à un travail d'élaboration. Force est de constater que cette clinique fait résonner le modèle du deuil tel que Freud l'a conceptualisé dans Deuil et mélancolie (1917). Conclusion : Le travail psychique considérable qu'impose cette situation extrême, s'il est soutenu par un 'environnement facilitateur' (Winnicott), peut permettre une subjectivation et une élaboration de la perte, des pertes. [résumé d'auteur] |
En ligne : | http://www.em-premium.com/article/1212406 |