Titre : | Profils cliniques et prise en charge des enfants et adolescents transgenres dans une consultation spécialisée d'Ile-de-France (2023) |
Auteurs : | LAGRANGE CLAUDE ; BRUNELLE JULIE ; POIRIER F ; PELLERIN HUGUES ; MENDES NICOLAS ; MAMOU GREGOR ; WOESTELANDT LAURE ; COHEN DAVID ; CONDAT AGNÈS ; FORNO N |
Type de document : | Article |
Dans : | NEUROPSYCHIATRIE DE L'ENFANCE ET DE L'ADOLESCENCE (5 vol 71, 2023) |
Article en page(s) : | 270-280 |
Note générale : | Fig./Tabl./56 ref. bibliogr. |
Descripteurs |
[SANTEPSY] ADOLESCENT [SANTEPSY] DYSPHORIE DE GENRE [SANTEPSY] ENFANT [SANTEPSY] IDENTITE DE GENRE [SANTEPSY] PRISE EN CHARGE [SANTEPSY] TRAITEMENT |
Résumé : | Il existe très peu de données cliniques françaises sur les modalités de prise en charge médicale des enfants et adolescents transgenres alors que le sujet vient très régulièrement sur le devant de la scène médiatique. Nous proposons dans cet article de décrire de manière rétrospective l'ensemble des enfants et adolescents reçus depuis 2012 dans la plus importante consultation spécialisée identité de genre enfants et adolescents d'Île-de-France. Outre leurs caractéristiques sociodémographiques, nous étudions la présence ou non d'une incongruence de genre selon les critères de la CIM 11, les vulnérabilités psychiatriques et sociales des sujets et décrivons les principales modalités de prise en charge proposées : la transition sociale, le blocage pubertaire, les transitions hormonales et/ou les rares transitions chirurgicales. Ces trois dernières propositions sont discutées en réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP). Nous avons colligé 239 jeunes âgés de 3 à 20 ans. L'âge moyen auquel les jeunes et leur famille sont vus au premier rendez-vous est de 14,5 ans (± 3,16). Au total, 91 % de l'échantillon présentent une incongruence de genre, 32 % ayant exprimé cette incongruence avant la puberté. Deux-tiers sont des jeunes assignés de sexe féminin à la naissance (p < 0,05). En termes de psychopathologie, les troubles dépressifs et anxieux, ainsi que la suicidalité arrivent largement avant les autres cooccurrences psychiatriques. L'ostracisme et le rejet scolaire sont fréquents. Par rapport à la population adolescente générale, les jeunes de la consultation spécialisée sont beaucoup plus exposés aux discriminations et aux insultes, voire aux agressions sexuelles dans l'espace public, que leurs pairs et l'internalisation de la transphobie par ces jeunes est particulièrement importante. Au total, 40 % des jeunes ont effectué une transition sociale avant le premier rendez-vous et 74 % et 61 % d'entre elles/eux l'on fait au sein de la famille et à l'école (l'âge moyen de la transition sociale à l'école = 15,13 ans). Au total, 35 % des jeunes ont officialisé en mairie le changement de prénom (l'âge moyen = 16,26 ans). La prise de bloqueurs de puberté concerne 11 % des jeunes qui ont atteint la puberté (âge moyen = 13,9 ans, délai moyen avant instauration du traitement = 10 mois). Au total, moins de la moitié des jeunes (44 %) ont reçu un traitement hormonal masculinisant ou féminisant par hormones sexuelles (âge moyen = 16,9 ans, délai moyen avant l'instauration = 14 mois). Au total, 8,7 % des jeunes ayant reçu un traitement hormonal par hormones sexuelles ont réalisé une préservation de fertilité. Les demandes de chirurgie avant 18 ans restent très rares. Les plus fréquentes sont les torsoplasties (20 %) réalisées à l'âge moyen de 18,44 ans et jamais avant 16 ans. Les résultats de cette cohorte sont proches de ceux rapportés par d'autres centres européens pour ce qui concerne la proportion plus élevée de jeunes assignés de genre féminin à la naissance. En revanche, ils diffèrent avec des chiffres plus bas en termes de recours à des traitements hormonaux. La transition sociale est dans notre centre la demande la plus fréquente mais elle n'est pas systématique. Nous discuterons la place de la parole dans notre accompagnement pour expliquer ces différences. [résumé des auteurs] |
En ligne : | https://www.em-premium.com/article/1605892 |