Titre : | De l'incestuel à l'enfant-sorcier : des mots pour le dire (2017) |
Auteurs : | GUITTONNEAU-BERTHOLET MIREILLE |
Type de document : | Article |
Dans : | EVOLUTION PSYCHIATRIQUE (1 vol 82, 2017) |
Article en page(s) : | 217-227 |
Note générale : | 22 réf. bibliogr. |
Descripteurs |
[SANTEPSY] CAS CLINIQUE [SANTEPSY] ETHNOPSYCHIATRIE [SANTEPSY] INCESTUALITE [SANTEPSY] METAPHORE [SANTEPSY] PSYCHANALYSE [SANTEPSY] TRADUCTION [SANTEPSY] TRANSFERT |
Mots-clés libres: | AFRIQUE ; CULTURE D ORIGINE ; ENFANT SORCIER ; INDIVIDUATION PSYCHIQUE |
Résumé : | Objectifs : il s'agit dans ce texte d'interroger les significations et fonctions inconscientes de l'étiologie 'enfant-sorcier' invoquée par certaines familles originaires d'Afrique sub-saharienne (et plus précisément ici bamiléké) et ses possibles liens avec une dynamique familiale incestuelle. Nous avons donc souhaité montrer les points de passage possibles entre ces concepts relevant de registres différents, à partir d'une situation clinique singulière qui, toutefois, ne constitue qu'une des déclinaisons possibles de ce lien entre enfant-sorcier et incestuel. À partir de cette problématique spécifique, il s'agit aussi de montrer l'articulation permanente qui se fait entre psyché et culture et l'éclairage que chacune apporte à l'autre ; cette dimension nous paraissant d'une importance majeure pour la réflexion du clinicien, sa compréhension plus fine de la clinique et donc pour le travail psychothérapique qu'il peut mener avec ces familles. Méthode : afin d'explorer la potentialité de la représentation 'enfant-sorcier' à mettre en mots et en images certaines histoires marquées par un climat incestuel, sans mots pour le dire, nous avons cherché à faire apparaître la présence de fantasmes inconscients communs à ces deux entités, clinique et anthropologique. D'autre part, à partir d'une situation clinique principale, nous avons voulu montrer comment ces deux registres différents peuvent se nouer, voire se recouvrir. L'histoire de Léo et de sa mère nous est en effet apparue comme la plus à même de montrer le processus de métaphorisation tenté par le sujet. Étudier ces deux plans nous a ainsi permis de dégager quelques hypothèses sur le recours à cette étiologie singulière. Résultats : on constate que dans certaines situations la référence à l'enfant-sorcier s'impose comme tentative de mettre en mots un vécu incestuel fait de confusions multiples. On remarque toutefois que l'enfant ainsi désigné de sorcier n'est pas forcément le sujet incestualisé. Au contraire, on note que tous deux appartiennent souvent à deux générations différentes. L'appel à cette référence culturelle vient alors permettre une mise en mots d'un vécu irreprésenté et relève d'une tentative de traitement psychique. Il faut toutefois souligner que ce processus de traduction-figuration échoue souvent, à moins que ne soient accueillies par un autre les diverses langues par lesquelles il s'exprime. Sans cela, la confusion dont le sujet cherche à se défaire ne fait que redoubler. L'étude attentive de ces familles montre ainsi que leur rapport à leur groupe d'origine, les bamiléké, reflète également leur fonctionnement pathologique puisqu'à une structure habituellement patrilinéaire, s'était substituée une organisation familiale centrée sur le refus de l'altérité, et mettant au coeur de la filiation la seule relation mère/fille, prenant ainsi le masque de la matrilinéarité. Discussion : au travers de ces différents éléments, nous sommes amenés à penser les articulations qui se font entre psyché et culture. On voit ainsi l'importance d'entendre le sujet dans la multiplicité et la complexité de ses composantes et combien la compréhension de situations psychopathologiques peut s'enrichir d'une attention portée à l'anthropologie. Il s'agit donc de ne pas réduire l'homme ni à son fonctionnement inconscient, ni à sa culture. C'est aussi ce qui permet de saisir que parfois la position d'un sujet vis-à-vis de son groupe est un indice d'un fonctionnement familial pathologique. Conclusion : en premier lieu, ce travail montre l'impossibilité à nommer un fonctionnement familial incestuel et la confusion qu'il entraîne. Le recours à l'étiologie d'enfant-sorcier apparaît ici comme une métaphore de ce fonctionnement, de par les fantasmes inconscients équivalents qui sous-tendent ces deux dynamiques. Toutefois, seule l'articulation de ces deux registres, culture et psyché, dans un travail de mise en sens permet à ces sujets de s'engager dans un travail d'élaboration. C'est alors que s'opère par ce travail de métaphorisation un processus de traduction, de figuration et d'individuation. [résumé d'éditeur] |
En ligne : | http://www.em-premium.com/article/1102215/article/de-l-incestuel-a-l-enfant-sorcier%C2%A0-des-mots-pour-l |