Titre : | Le Hikikomori entre Idiome culturel et expression actuelle de la souffrance au passage de l'adolescence à l'âge adulte (2017) |
Auteurs : | LUCA MANUELLA DE |
Type de document : | Article |
Dans : | EVOLUTION PSYCHIATRIQUE (1 vol 82, 2017) |
Article en page(s) : | 161-175 |
Note générale : | 35 réf. bibliogr. |
Descripteurs |
[SANTEPSY] ADOLESCENT [SANTEPSY] CLAUSTROMANIE [SANTEPSY] COMORBIDITE [SANTEPSY] DSM [SANTEPSY] ETUDE COMPARATIVE [SANTEPSY] HISTORIQUE [SANTEPSY] INHIBITION [SANTEPSY] NOSOLOGIE [SANTEPSY] PSYCHOPATHOLOGIE [SANTEPSY] RETRAIT RELATIONNEL [SANTEPSY] SEMIOLOGIE PSYCHIATRIQUE |
Mots-clés libres: | CULTURE D ORIGINE ; FRANCE ; JAPON ; ETAS UNIS |
Résumé : | Objectif : le Hikikomori est un syndrome de retrait à domicile pour une durée de plus de 6 mois décrit chez des adolescents et jeunes adultes japonais. L'approche culturelle et sociologique est privilégiée au Japon où une compréhension psychiatrique a longtemps été refusée. Nous allons démontrer comment l'approche psychopathologique rejoint la catégorisation dans le DMS 5 du Hikikomori comme un idiome culturel, c'est-à-dire comme expression actuelle d'une souffrance dans le passage à l'âge adulte chez certains adolescents, notamment en France. Méthode : à partir des premières descriptions de Hikikomori dans la littérature scientifique japonaise dans les années 1980, nous verrons comment ce syndrome de claustration volontaire a pris de l'ampleur et a bénéficié d'une attention particulière des autorités qui ont mis en avant sa part culturelle. Nous verrons comment ce syndrome tire sa source de la mythologie japonaise et comment il se traduit et est décrit dans d'autres cultures et dans la littérature psychiatrique française et anglo-saxonne. Nous utiliserons enfin une approche psychopathologique pour compléter les modalités de compréhension de ce comportement chez des garçons à l'entrée dans l'âge adulte. Résultats : le Hikikomori existait sous d'autres formes au Japon avant les années 1980, de même en France depuis le milieu des années 1950 sous le nom de syndrome de claustration, associé le plus souvent à des troubles psychotiques, et dans les pays anglo-saxons sous celui de housebound syndrome, forme particulière chez les femmes d'agoraphobie. Il s'intègre à la catégorie proposée par le DSM-5 d'idiome culturel et rend compte d'une forme actuelle d'expression de la souffrance dans le passage à l'âge adulte chez certains adolescents confrontés à des exigences sociétales et familiales fortes qui les conduit à mobiliser une forte inhibition, à laisser en suspens les exigences idéales de leur moi et à se réfugier dans la passivité. Discussion : si l'approche culturelle est centrale dans la littérature japonaise, des questionnements sur l'existence de comorbidités associées ou de Hikikomori primaire ou secondaire, soulignent l'intérêt d'une approche psychopathologique. En effet, malgré le refus de considérer le Hikikomori comme un syndrome culturellement lié en raison de la présence de cas similaires dans de nombreux autres pays, sa catégorisation comme idiome culturel permet de rendre compte d'une double spécificité culturelle et psychopathologique. La place de l'inhibition, la confrontation à un idéal exigeant et tourmentant façonne un masculin aux prises à la passivité, d'une passivité choisie dans une logique masochiste pour tenter de moins souffrir qu'en la subissant. La claustration au domicile serait alors un acte messager en négatif, forme actuelle d'expression d'une souffrance liée aux achoppements dans le passage de l'adolescence à l'âge adulte. [résumé d'éditeur] |
En ligne : | http://www.em-premium.com/article/1102211/article/le-hikikomori-entre-idiome-culturel-et-expression- |