Titre : | La reconstruction des enveloppes psychiques et environnementales dans les dessins d'enfants des rues en Haïti : une étude post-séisme (2017) |
Auteurs : | KARRAY AMIRA ; DERIVOIS DANIEL ; BROLLES LISBETH ; WEXLER BUZAGLO IRIS |
Type de document : | Article |
Dans : | EVOLUTION PSYCHIATRIQUE (1 vol 82, 2017) |
Article en page(s) : | 89-103 |
Note générale : | 21 réf. bibliogr. |
Descripteurs |
[SANTEPSY] ADOLESCENT [SANTEPSY] CATASTROPHE [SANTEPSY] DESSIN [SANTEPSY] ENFANT [SANTEPSY] ENVELOPPE PSYCHIQUE [SANTEPSY] ENVIRONNEMENT SOCIAL [SANTEPSY] RESILIENCE [SANTEPSY] TRAUMATISME PSYCHIQUE [SANTEPSY] TREMBLEMENT DE TERRE |
Mots-clés libres: | ENFANTS DES RUES ; HAITI ; SANS ABRI |
Résumé : | Objectifs : l'objectif de cet article est de montrer comment les enfants et les adolescents vivant dans la rue en Haïti, après le tremblement de terre de janvier 2010, investissent la rue comme un espace pour reconstruire leur identité. À travers des dessins d'enfants et d'adolescents rencontrés dans le cadre d'une recherche sur la résilience et le processus créateur des enfants et adolescents victimes du tremblement de terre (ANR-10-HAIT-002 RECREAHVI), nous nous sommes intéressés à l'étude des difficultés, du traumatisme et de l'expression créative de ces enfants dans un contexte post-séisme. Ces enfants se sont trouvés particulièrement fragilisés, tant au niveau social, qu'au niveau de leur santé mentale et de leur sécurité. Mis à l'épreuve des enveloppes environnementales incertaines, mouvantes, effractées, les enfants des rues sont affectés, touchés dans leurs propres enveloppes psychiques. Cet article vise à analyser les dessins des enfants et des adolescents de la rue. Nous nous concentrons en particulier sur les caractéristiques des enveloppes graphiques pour comprendre comment ces jeunes symbolisent les effractions des enveloppes environnementales et psychiques, et comment ils expriment leurs besoins de reconstruction. Méthode : l'étude a été menée à Port-au-Prince, en Haïti, un an après le tremblement de terre. Le dispositif méthodologique a consisté en une série d'ateliers de dessins, menés avec 45 enfants et adolescents âgés entre 10 et 18 ans, rencontrés dans trois établissements différents : un centre d'éducation populaire et deux foyers. Dans chaque établissement, les ateliers ont été organisés trois fois par semaine sur une période de trois semaines. La participation dans les ateliers a été libre et volontaire. La consigné a été le dessin libre, et ont été mis à disposition des enfants et des adolescents des feuilles blanches et des crayons. Les séances de 1 h 30 ont été animées par une étudiante en psychologie et une animatrice. Environ 680 dessins ont été recueillis à partir de ces ateliers, qui ont mis en évidence divers thèmes. Pour la présente étude, l'analyse a porté sur 270 dessins choisis au hasard dans les trois institutions. Pour les travaux d'analyse sur les enveloppes environnementales et psychiques, nous avons effectué une classification selon trois types de contenant (1) contenants/enveloppes fixes (maisons ou autres bâtiments), (2) contenants/enveloppes mobiles (moyens de transport) et (3) contenants humains (personnes ou groupe de personnes). Résultats : l'analyse des dessins à travers les différents contenants graphiques a montré des enveloppes psychiques fragiles marquées notamment par le traumatisme du tremblement de terre. Ces fragilités sont liées à un traumatisme passé de ces jeunes. L'analyse a également montré que les enveloppes environnementales externes détruites dans le tremblement de terre (maison, école, église, association, etc.) sont caractérisées par la désorganisation, la discontinuité et l'insécurité internes. Les dessins montrent des tentatives d'expression, et une organisation psychique caractérisée par la mobilité, pour survivre psychiquement et tenir face à/avec l'instabilité interne et externe. Discussion : pour ces jeunes, l'environnement-rue tel qu'il est investi et vécu est une représentation de l'espace psychique et en particulier de la façon dont ils vivent leur corps. Leur situation était déjà marquée, bien avant le tremblement de terre par des blessures qui ont refait surface. En effet, la plupart des enfants de la rue ont subi d'autres traumatismes, de la violence familiale, et étaient souvent des victimes ou des acteurs d'une violence urbaine. Nous remarquons que ces jeunes sont à la recherche d'un soutien stable, en dépit de leur méfiance à l'égard de l'environnement. Toutefois, le groupe et le symbolisme de la maison dans les dessins semblent être les éléments les plus sollicités. Nous notons également l'importance des effets thérapeutiques secondaires des ateliers de dessin, en particulier concernant les possibilités cathartiques et d'élaboration du traumatisme dans le groupe, avec l'étayage sur le dessin comme support et comme un espace de jeu et de créativité. Conclusion : les fragilités se dessinent dans l'intrication des traumatismes familiaux, des vécus de précarité psychique et sociale antérieurs, avec le traumatisme collectif causé par le tremblement de terre de 2010. L'étude montre la nécessité de concevoir des dispositifs de conseil et d'éducation pour développer les potentiels et les possibilités d'établir des relations stables avec l'environnement. [résumé d'éditeur] |
En ligne : | http://www.em-premium.com/article/1102226/article/la-reconstruction-des-enveloppes-psychiques-et-env |