Titre : | Folie, première et seconde mort (2016) |
Auteurs : | ALLOUCH JEAN |
Type de document : | Article |
Dans : | EVOLUTION PSYCHIATRIQUE (1 vol 81, 2016) |
Article en page(s) : | 17-26 |
Note générale : | Bibliogr. |
Descripteurs |
[SANTEPSY] DEUIL [SANTEPSY] MORT [SANTEPSY] PATHOLOGIE PSYCHIATRIQUE |
Mots-clés libres: | LANTERI LAURA GEORGES ; PASSAGE A L ACTE |
Résumé : | Objectifs : L'auteur cherche à montrer que l'accueil de la folie, conçue comme mort psychique, réclame un élargissement du cadre que configure, ailleurs en médecine, l'engagement du soignant en faveur de la vie. Méthodes : Une analyse approfondie des thèses du psychiatre français, Georges Lantéri-Laura, est présentée notamment dans son Essai sur la discordance dans la psychiatrie contemporaine (avec Martine Gros, 1992). Il se réfère au psychiatre français du dix-neuvième siècle, Philippe Chaslin qui a défendu l'idée selon laquelle, en psychiatrie, les frontières entre santé et maladie, comme entre vie et mort psychique, doivent être étudiées dans une perspective plus large, donnant une place centrale au vécu subjectif du sujet porteur de symptômes. L'auteur de l'article développe les distinctions apportées par Jacques Lacan à propos des étapes, décrites par Sophocle, du chemin d'Antigone vers la mort, en distinguant première mort, seconde mort et l'espace qui les sépare, l'entre-deux-morts. L'auteur de l'article décrit ce modèle en présentant des illustrations issues de la littérature. Par exemple, dans Le Prince de Hombourg de Heinrich von Kleist, le héros préfère, à une vie sans honneur, une entrée dans l'immortalité par l'acceptation héroïque de son châtiment. L'auteur souligne combien cette option radicale peut s'accompagner d'un vécu de triomphe ultime, transcendant la valeur que le sujet accorde à la vie. Résultats : Il s'ensuit un abord de la folie qui renoue avec ce qui fut dénommé 'aliénation'. Celle-ci, pensée de façon nouvelle comme soulèvement d'un sujet, localise la question qui vaut de lui être posée, celle de sa liberté (Henri Ey, Jacques Lacan). L'auteur insiste sur la démarche aboutissant au 'faire savoir' que le héros tragique exprime par son détachement de la vie, et sa conviction qu'il est une vie après qu'une existence se soit éteinte car l'être de la personne dite disparue reste présent dans ce qui subsiste de ses actes. Discussion : Cette réflexion critique amène l'auteur à présenter une nouvelle conception du deuil. Il considère qu'il faut aller au-delà de l'étape de 'travail du deuil' décrite par Freud, ce travail réduirait l'investissement attribué à un objet disparu par un objet substitutif. L'auteur de l'article, estime, avec Philippe Ariès, que les objets les plus importants, les plus investis, demeurent et doivent demeurer irremplaçables ; l'endeuillé devant adopter une attitude de respect qui laisse la figure du disparu continuer à aller vers son destin, dans le souvenir des survivants. Cette analyse d'un travail de deuil qui intègre le destin de l'image du disparu constitue une critique frontale de la tendance actuelle de la société à réduire, masquer ou nier la mort et ses conséquences essentielles sur l'identité des endeuillés. Conclusions : La pensée hindouiste, instituant le principe de Nirvana, est une incitation à accepter pleinement l'inévitable empiètement de la mort sur la vie, comme de la vie sur la mort, processus que Lacan étudiait dans Oedipe à Colonne. L'auteur évoque le cas des soeurs Papin comme ses évocations littéraires, montrant que le soulèvement contre la mort méritait d'être discuté dans une perspective plus large. Dans le même sens, l'auteur rappelle la triste tradition des asiles psychiatriques d'autrefois à inhumer les patients dans des tombes sans nom. [résumé d'éditeur] |
En ligne : | http://www.em-premium.com/article/1026549 |