Titre : | L'Antipsychiatrie, symptôme de la postmodernité (2015) |
Auteurs : | GUMPPER STÉPHANE ; VEIT CAMILLE |
Type de document : | Article |
Dans : | EVOLUTION PSYCHIATRIQUE (4 vol 80, 2015) |
Article en page(s) : | 750-763 |
Note générale : | Bibliogr. |
Descripteurs |
[SANTEPSY] ANTIPSYCHIATRIE [SANTEPSY] HISTOIRE DE LA PSYCHIATRIE |
Mots-clés libres: | CONTRE CULTURE ; GRANDE BRETAGNE ; METANOIA |
Résumé : | Les pratiques actuelles encadrant la souffrance psychique sont fortement teintées de discours d'ascendance libérale ; en témoigne la sortie fracassante du DSM-5 (2013). Si l'arrivée du manuel sur la scène internationale a provoqué un tollé considérable, quelques dizaines d'années plus tôt, son aïeul, le DSM-III (1980), marquait déjà un tournant clé emprunté par la psychiatrie, en relayant le paradigme des structures psychopathologiques (1926-1977) jusqu'alors souverain. C'est pour mieux interroger ce contexte que nous proposons un voyage rétrospectif dans l'antipsychiatrie britannique, en tant que temps annonciateur de quelques enjeux à venir dans le lien social postmoderne. En centrant notre article sur la genèse du concept de métanoïa ainsi que sur le voyage de Mary Barnes, muse de l'antipsychiatrie, nous proposons d'analyser une filiation énigmatique entre deux discours distincts : l'un ayant trait à l'antipsychiatrie, émergeant dans les années 1960, l'autre relatif à la santé mentale telle qu'abordée depuis le DSM-III (1980) jusqu'à aujourd'hui. Si le mouvement de l'antipsychiatrie britannique apparaît dans une vague de contestations multifocales caractéristique des sixties et seventies, temps traversé par un vent contre-culturel, il est également fruit de rencontres entre âmes torturées et intellectuels en quête d'exutoire, sur fond d'une société moderne perçue comme aliénante. C'est par cet angle que peut également être analysée une partie du contexte de la postmodernité, à l'aune des expressions de la folie qui affectent des sujets désarrimés appelés à une jouissance illimitée, par essence ravageante...A Kingsley Hall, Laing conceptualise et expérimente diverses voies de dégagement de la normalité, seule aliénation véritable. Au-delà de sa portée clinique, ce discours antipsychiatrique poussé à son acmé présente le fou comme lieu d'un savoir et seul détenteur d'une véritable 'santé mentale'. Il serait le modèle à atteindre, accessible par la métanoïa, voyage permettant à celui qui l'éprouve d'accéder à son moi authentique, gage de libération. Le discours antipsychiatrique peut donc bien être entendu comme un symptôme, message avant-coureur du modèle de santé mentale contemporain : nouvelles classifications psychiatriques mais aussi incidences des mutations discursives sur les expressions psychopathologiques. Les discours antipsychiatriques et postmodernes semblent partager un objectif d'amélioration de la personne, celle-ci pouvant être ramenée vers son moi authentique et être ainsi débarrassée de l'aliénation sociale, ou du trouble mental. Si quelques avatars de l'antipsychiatrie capitonnent la postmodernité, quelles sont dès lors les alternatives restantes, entre 'folie ordinaire' et projet sanitaire centré sur un individu toujours plus perfectible ? [résumé d'éditeur] |
En ligne : | http://www.em-premium.com/article/1009809 |