Titre : | Perception consciente ou perception inconsciente : quel rapport entre perception et conscience ? (2015) |
Auteurs : | BUIZARD JEAN-MICHEL |
Type de document : | Article |
Dans : | EVOLUTION PSYCHIATRIQUE (4 vol 80, 2015) |
Article en page(s) : | 740-749 |
Descripteurs |
[SANTEPSY] APPAREIL PSYCHIQUE [SANTEPSY] CONSCIENCE [SANTEPSY] INCONSCIENT [SANTEPSY] PERCEPTION |
Mots-clés libres: | DESCARTES RENE ; LEIBNITZ GOTTFRIED WILHELM ; DESCARTES René |
Résumé : | Cet article rediscute la manière dont peut se définir la notion de perception et invite à repenser la relation entre perception et conscience. Selon une définition classique, perception et conscience sont des notions indissociables : la perception est le processus d'origine sensorielle apportant une connaissance consciente du monde extérieur. Cette définition reste souveraine dans la littérature moderne, mais se trouve en quelque sorte contredite par l'usage désignant comme 'perceptions inconscientes' une série de phénomènes cliniques (manifestations hystériques, situations de lésion cérébrale) et expérimentaux (études tachiscopiques). C'est cette contradiction que nous examinons. Il semble judicieux de considérer que toutes les 'perceptions inconscientes' relevées par la science depuis plus d'un siècle ne forment pas un ensemble de phénomènes disparates, mais relèvent en fait d'un seul et même phénomène observable quand ne sont pas réunies toutes les conditions pour permettre à la conscience d'apparaître. Il apparaît alors que ce phénomène devance toujours le moment où la conscience doit éventuellement apparaître. Le paradoxe que constitue le terme de 'perception inconsciente' marque la résistance de la littérature à pleinement envisager un phénomène psychique hors du champ de la conscience et exprime en définitive une profonde allégeance à la pensée de Descartes contraire au principe d'une vie psychique inconsciente. Pour Descartes, la perception - c'est le fondement même de la définition classique - est l'activité sensorielle en tant qu'elle anime la conscience. La vision de Leibniz, concevant que la vie d'âme ne se limite pas à la conscience, offre une définition plus large : la perception est l'activité sensorielle en tant qu'elle anime l'âme. Et précisément, concluons-nous, elle l'anime toujours à un niveau inconscient, devançant l'établissement de la conscience. En reconnaissant la nature fondamentalement inconsciente de la perception, nous résolvons en quelque sorte notre paradoxe : le terme de 'perception inconsciente' en devient un pléonasme. Nous assumons également que la conscience se trouve séparée du processus de perception et prend forme dans le prolongement d'un espace psychique inconscient qui, lui, se constitue directement au contact du corps. De sorte que nous prenons le plus souvent possession du monde extérieur deux fois : en le percevant, puis en prenant conscience de notre perception. [résumé d'éditeur] |
En ligne : | http://www.em-premium.com/article/1009808 |