Titre : | La manie et la mélancolie comme crises de l'identité narrative et de l'intentionnalité (2015) |
Auteurs : | ENGLEBERT JÉRÔME ; STANGHELLINI GIOVANNI |
Type de document : | Article |
Dans : | EVOLUTION PSYCHIATRIQUE (4 vol 80, 2015) |
Article en page(s) : | 689-700 |
Note générale : | Bibliogr. |
Descripteurs |
[SANTEPSY] IDENTITE [SANTEPSY] INTENTIONNALITE [SANTEPSY] MANIE [SANTEPSY] MELANCOLIE [SANTEPSY] PHENOMENOLOGIE |
Mots-clés libres: | IDENTITE NARRATIVE |
Résumé : | Notre objectif est de réaliser une étude phénoménologique croisée de l'état mélancolique et de la crise maniaque. Pour ce faire, nous analysons le rapport qu'entretiennent ces deux états psychopathologiques avec les notions d'identité narrative, d'intentionnalité ainsi que les spécificités des conduites territoriales. A partir de cas cliniques et en nous référant à différents modèles théoriques issus de la psychopathologie phénoménologique, nous discutons des proximités et différences qui existent entre ces deux psychopathologies que sont la manie et la mélancolie. L'identité narrative repose sur un mouvement double, celui de l'énonciation d'un discours porté sur sa propre histoire et celui d'un acte de création. A partir de différentes situations cliniques, nous constatons que (1) le mélancolique conserve la faculté d'énoncer un discours à propos de son histoire mais a perdu la dimension créative de celui-ci ; (2) à l'inverse, le maniaque en crise ne vit que cette dimension créative sans pouvoir l'inscrire dans son décours existentiel. L'intentionnalité, qui est la tendance de la conscience à aller au-delà d'elle-même et à s'éclater dans le monde, se révèle être le centre de l'existence du maniaque sans qu'il ne parvienne à tenir compte des contraintes de l'environnement. Le mélancolique, par contre, expérimente une existence dans laquelle la conscience semble avoir perdu sa qualité d'intentionnalité. Enfin, l'appropriation subjective de l'espace est également comparée et révèle une fois de plus deux opposés. Le maniaque, en analogie avec l'animal territorial, se comporte partout comme s'il était chez lui ; le mélancolique se sent partout inopportun, tel l'animal qui a déserté son territoire. Les psychopathologies mélancolique et maniaque sont des modes d'être-au-monde tout à fait spécifiques marquant deux vécus identitaires et temporels particuliers. Ces deux états ont une proximité psychopathologique fondamentale, que nous nommons ici 'manque chiasmatique'. Il s'agit d'un trouble du mouvement intentionnel constituant l'identité narrative, c'est-à-dire de la dialectique entre l'enracinement de soi dans son passé et la possibilité de création d'une nouvelle identité. [résumé d'éditeur] |
En ligne : | http://www.em-premium.com/article/1009804 |