Titre : | Subjectivités franc-maçonnes et pratiques de la fonction symbolique au féminin (2015) |
Auteurs : | CHAPARD INGRID |
Type de document : | Article |
Dans : | EVOLUTION PSYCHIATRIQUE (1 vol 80, 2015) |
Article en page(s) : | 107-116 |
Note générale : | Bibliogr. |
Descripteurs |
[SANTEPSY] ANTHROPOLOGIE [SANTEPSY] CAS CLINIQUE [SANTEPSY] FEMINITE [SANTEPSY] FEMME [SANTEPSY] FRANC MACONNERIE [SANTEPSY] IDEAL DU MOI [SANTEPSY] MOI IDEAL [SANTEPSY] SYMBOLISATION |
Résumé : | 'Objectifs : En 1939, quand Freud écrit 'L'homme Moïse et la religion monothéiste', il est radical concernant le statut de l'inconscient vis-à-vis du collectif : 'Le contenu de l'inconscient est en effet collectif dans tous les cas'. Il construit alors son anthropologie psychanalytique à partir de l'étude des foules d'hommes (armée, église), ignore les foules de femmes existantes, et exclut les femmes de l'action culturelle (meurtre du père des origines). Cette impasse freudienne caractérise aussi sa compréhension de la psychopathologie féminine, et ses difficultés. Freud avoue à Marie Bonaparte son incapacité à comprendre ce 'que veut la femme'. Ceci nous pousse à reprendre aujourd'hui les outils de recherche freudiens pour comprendre la constitution des foules, mais en incluant cette fois l'étude des foules de femmes destinées à la production culturelle. Nous espérons ainsi : mettre à jour des impensés de la question féminine en psychanalyse grâce à l'apport moderne des sciences sociales et d'un nouvel objet de recherche ; examiner les effets de la foule sur la construction subjective féminine. Méthode : Les groupes de femmes religieuses ayant été étudiées par Markos Zafiropoulos en 2010, nous étudierons les foules de femmes franc-maçonnes. Société philosophique et philanthropique, la franc-maçonnerie n'est pas fédérée par une croyance ou un idéal religieux, à la distinction des foules étudiées par Freud. Nous suivrons la méthode de l'anthropologie psychanalytique pour examiner quelles instances psychiques sont sollicitées par la pratique initiatique franc-maçonne. Nous comparerons ensuite la structure du mythe fondateur de la pratique maçonnique moderne, (meurtre d'Hiram), avec celle du mythe freudien de constitution des foules (meurtre du père des origines), Dans un troisième temps, une étude de cas clinique de franc-maçonne en analyse permettra d'examiner les effets de la foule sur la construction subjective. Résultats : L'anthropologie psychanalytique permet de questionner la dimension du genre et de la féminité en actualisant la clinique du malaise dans la civilisation par l'étude des foules de femmes franc-maçonnes. Pour Markos Zafiropoulos, les mystiques apparaissent dans une logique de la pratique du rien, épouses du père mort. Nous voyons a contrario que les franc-maçonnes apparaissent dans une logique des avoirs et de la production culturelle, pratiquant, par le mythe maçonnique, le meurtre du père. Discussion : Fraternité et reconnaissance permettent alors : de revisiter les rapports entre clinique de l'idéal et théories du narcissisme ; d'établir une distinction entre sacré et religieux à l'aide des notions d'idéal et d'efficacité symbolique ; de revisiter la dynamique de la production culturelle entre amont et aval de la castration. Conclusion : Plus généralement, cette étude révèle que toutes les foules ne sont pas organisées selon le mythe freudien inconscient de la névrose, exposé dans Totem et Tabou. La théorie lacanienne du narcissisme permet de découvrir que la foule maçonnique est organisée par l'expérience du stade du miroir. L'initiation maçonnique touche à un processus identificatoire antérieur à celui de l'identification sexuée : celui de l'identification souche de 'l'infans'. Le mythe d'Hiram est un mythe du stade du miroir, émergence consciente asexuée de la 'bonne forme'. L'initiation maçonnique réveille alors une tension entre le fantasme inconscient du désir sexué et l'idéal, entre moi-idéal et idéal du moi, propice à des remaniements psychiques. Cette étude montre donc que le trauma culturel proposé par le social invite à une relecture du stade du miroir à partir des complexes familiaux lacaniens, en examinant les conséquences éventuelles sur la construction du genre et les logiques de sexuation.[Résumé d'auteur]' |
En ligne : | http://www.em-premium.com/article/954971 |