Titre : | La dépersonnalisation à l'adolescence : entre étrangeté ordinaire et conscience disloquée (2015) |
Auteurs : | LUCA MANUELLA DE |
Type de document : | Article |
Dans : | EVOLUTION PSYCHIATRIQUE (1 vol 80, 2015) |
Article en page(s) : | 71-82 |
Note générale : | Bibliogr. |
Descripteurs |
[SANTEPSY] ADOLESCENT [SANTEPSY] CAS CLINIQUE [SANTEPSY] CONSCIENCE [SANTEPSY] DEPERSONNALISATION [SANTEPSY] INQUIETANTE ETRANGETE [SANTEPSY] NOSOGRAPHIE PSYCHIATRIQUE [SANTEPSY] PULSION SCOPIQUE |
Résumé : | Objectif : La dépersonnalisation est un syndrome protéiforme présentant une grande hétérogénéité conceptuelle et une grande homogénéité dans ses descriptions cliniques depuis la fin du 19ème siècle. Ce vécu d'étrangeté est particulièrement fréquent à l'adolescence en raison des spécificités de cet âge riche en transformations sans pour autant qu'il ne soit le signe d'une entrée dans un processus psychotique. Nous allons montrer que la dépersonnalisation à l'adolescence est associée à une fragilité narcissique et à un traitement pulsionnel qui privilégie la dimension scopique en permettant un regard sur soi permettant d'éviter une dislocation de la conscience de soi. Méthode : Au préalable la dépersonnalisation sera présentée à partir de ses premières descriptions cliniques historiques, ses principales définitions et conceptions psychiatriques et psychanalytiques seront décrites. Ensuite nous étudierons les particularités de la dépersonnalisation à l'adolescence et nous illustrerons ses spécificités à cet âge de bouleversement narcissique, de construction identitaire et de confrontation à la passivité. Nous illustrerons les particularités de la dépersonnalisation à cette période de la vie par la vignette clinique d'un adolescent de 15 ans. Résultats : La dépersonnalisation à l'adolescence n'est pas systématiquement la manifestation d'une entrée dans une trouble schizophrénique elle peut être la manifestation d'une fragilité du self dans sa constitution et sa délimitation et un achoppement dans l'unification et la perception d'une conscience de soi. Discussion : Chez les adolescents fragilisés narcissiquement par la puberté il existe une porosité des limites entre le monde interne et externe. La forte mobilisation de la pulsion scopique dans la dépersonnalisation signe la dissociation entre l'expérience vécue et le registre perceptif visuel, mais aussi une tentative d'appropriation somatopsychique du self. On observe ainsi la double potentialité de la dépersonnalisation à l'adolescence qui peut être l'expression d'une dislocation de la conscience et accompagner un envahissement hallucinatoire, mais qui peut à l'inverse, revêtir une dimension trophique permettant un renforcement des assises narcissiques, des limites entre sujet et objet dans un véritable travail d'appropriation de soi-même propre au passage de l'adolescence à l'âge adulte. Conclusion : La dépersonnalisation a fait l'objet de nombreux travaux au siècle dernier Ils soulignent son hétérogénéité conceptuelle contrastant avec une grande homogénéité des descriptions et du vécu qui l'accompagne. Le vécu de dépersonnalisation fréquent à l'adolescence en raison de l'importance des bouleversements qui l'accompagnent, ne doit pas conduire systématiquement au diagnostic de psychose. Certes, l'importance de la dislocation de la conscience de soi et la massivité de l'exclusion de l'objet peut s'accompagner d'une émergence délirante, mais la dynamique trophique, la tentative de différenciation et d'appropriation de soi par la dépersonnalisation est à soutenir à l'adolescence notamment par un travail psychothérapique, conduit l'adolescent à une confrontation à ce ''je' qui peut être un autre', et l'engage dans un voyage à la rencontre de cet autre dont les retrouvailles peuvent en être l'issue heureuse et souhaitée.[Résumé d'auteur] |
En ligne : | http://www.em-premium.com/article/954988 |