Titre : | Reprendre le chemin des soins après la mort accidentelle d'un thérapeute : quelle articulation des soignants et des patients ? (2015) |
Auteurs : | AUXEMERY YANN |
Type de document : | Article |
Dans : | ANNALES MEDICO PSYCHOLOGIQUES (1 vol 173, 2015) |
Article en page(s) : | 20-24 |
Note générale : | 16 réf. bibliogr. |
Descripteurs |
[SANTEPSY] MORT [SANTEPSY] RELATION THERAPEUTIQUE [SANTEPSY] TRAVAIL DE DEUIL |
Mots-clés libres: | FIN D ANALYSE |
Résumé : | La problématique du deuil normal ou pathologique fait l'objet d'une multitude de publications. Au sein de cette pléthore éditoriale, un seul sujet manque à l'appel : le psychothérapeute lui-même, pourtant instigateur de ces études. La mort du thérapeute viendra interroger le patient sur le sens de la vie, le réel de la mort, la possibilité d'obtenir un socle de soutien durable. Une relation thérapeutique qui s'établit depuis de nombreuses années et au sein de laquelle le praticien a été l'archiviste et le dépositaire des secrets les plus intimes ne peut s'interrompre brutalement sans souffrance. Le deuil du thérapeute peut être ?compliqué' c'est-à-dire inhabituel, avec une souffrance marquée et persistante. Le deuil peut aussi être ?pathologique', avec le déclenchement d'une pathologie physique ou mentale, par définition absente avant le décès mais classiquement retenue a posteriori comme latente et témoignant d'une vulnérabilité préalable, vulnérabilité pour laquelle le sujet avait peut-être engagé une thérapie. Les patients devront être reçus individuellement et rapidement pour l'annonce du décès. Cette annonce permettra une évaluation du tableau psychopathologique latent et des défenses psychiques qui pourraient être opérantes. Dans tous les cas, un second rendez-vous sera proposé et une invitation à un groupe de parole remise. Une question cardinale est de savoir si les patients peuvent se rendre aux obsèques de leur thérapeute. Nous partageons cette idée car elle limite la capacité de déni et demeure un rite social opérant qui canalise les passions. Egalement, la possibilité d'un groupe de parole joignant patients et soignants permettra de partager ces craintes et de dissiper les malentendus. A l'échelon individuel, la poursuite de la psychothérapie intégrera nécessairement cet événement récent de confrontation à la possibilité de la mort. L'événement traumatogène du deuil pourra être en lui-même réinscrit dans la trajectoire du sujet via une perspective thérapeutique qui permettra de ?faire son deuil' et de poursuivre les soins déjà engagés. Alors que la mort brutale de son thérapeute a fréquemment été vécue dans une absence du dire, l'acceptation de la fatalité et du néant s'établira sur une production du sujet. [Résumé d'éditeur] |
En ligne : | http://www.em-premium.com/article/957984 |