Titre : | Intérêt curatif et préventif des thérapies cognitives et comportementales (TCC) dans le traitement de croyances délirantes schizophréniques criminogènes : TCC d'une conviction délirante ayant généré un double homicide à l'extérieur de la famille (2014) |
Auteurs : | BOUCHARD JEAN-PIERRE |
Type de document : | Article |
Dans : | ANNALES MEDICO PSYCHOLOGIQUES (9 vol 172, 2014) |
Article en page(s) : | 741-750 |
Note générale : | 40 réf. bibliogr. |
Descripteurs |
[SANTEPSY] CAS CLINIQUE [SANTEPSY] CONVICTION DELIRANTE [SANTEPSY] DANGEROSITE [SANTEPSY] DELIRE DE PERSECUTION [SANTEPSY] HOMICIDE [SANTEPSY] PREVENTION [SANTEPSY] SCHIZOPHRENIE [SANTEPSY] THERAPIE COGNITIVE [SANTEPSY] THERAPIE COMPORTEMENTALE |
Résumé : | Sujet et problématique : Les délires de persécution et de préjudice sont les thèmes délirants les plus fréquents. Ils induisent chez les sujets psychotiques (schizophrènes ou paranoïaques) qui en souffrent un climat émotionnel fait d'angoisse et de peur qui suscite la plupart du temps des réactions pathologiques de défense et-ou de vengeance. Ces réactions sont faites de comportements d'évitement ou de fuite, voire quelquefois d'agressions contre les persécuteurs. Dans ce cas, ces passages à l'acte violents sont destinés à maîtriser ou à anéantir la source de la persécution ou des préjudices éprouvés. De nombreux exemples l'attestent régulièrement. Certaines de ces réactions pathologiques peuvent même donner lieu à des homicides uniques ou multiples. Les thérapies cognitives et comportementales sont un vecteur thérapeutique utilisable pour traiter certaines de ces croyances délirantes. Patient et méthode : Nous présentons dans cet article une thérapie cognitive et comportementale de ce type de croyance délirante criminogène. Nous avons réalisé cette thérapie avec un schizophrène dangereux auteur d'un double homicide par vengeance pathologique. Ce patient était convaincu depuis quatre ans que la mère de sa petite amie lui avait volontairement transmis le virus du sida en lui faisant boire un café et qu'il allait de ce fait mourir dans d'atroces souffrances. Résultat : Rémission de la conviction délirante criminogène en fin de thérapie. Discussion-conclusion : Après l'échec des thérapies psychiatriques traditionnelles à résoudre ou à abraser le délire de ce patient et la symptomatologie réactionnelle à ce délire, nous constatons le résultat positif de l'approche cognitiviste et regrettons qu'elle n'ait pas eu lieu avant les passages à l'acte criminel. Ce résultat a certainement été facilité par la relative récence de la conviction délirante, par l'investissement total du patient dans la psychothérapie pour 'échapper à la mort', par sa suggestibilité de ce fait accrue et par l'existence d'un psychisme majoritairement sain. Il faut également remarquer chez ce sujet la disproportion existant entre l'extrême sectorisation (une seule croyance maîtresse erronée), voire la banalité du délire et sa puissance criminogène (deux homicides précédés et suivis d'une velléité suicidaire et vindicative importante et récurrente). De la même façon, la relative facilité à résoudre le problème cible paraît disproportionnée par rapport à sa puissance émotionnelle et psychodynamique. La dissolution non confrontative et progressive des composantes du délire avec participation très active de ce patient chimiorésistant a constitué l'axe central et efficace de cette thérapie réalisée en 1994. Depuis, la littérature scientifique a régulièrement confirmé l'intérêt des thérapies cognitives et comportementales dans le traitement de certaines croyances délirantes schizophréniques. Associées à des stratégies traditionnelles (hospitalisations, chimiothérapie psychotrope, etc.) ou à des techniques plus nouvelles et complémentaires (modules de réhabilitation des habiletés sociales, modules neuroleptiques, psychoéducation, etc.), ces thérapies semblent d'autant plus efficaces qu'elles sont réalisées tôt dans la genèse des croyances délirantes. [résumé d'auteur] |
En ligne : | http://www.em-premium.com/article/938496 |