Titre : | Parler du deuil pour éviter de parler de la mort ? La société occidentale face aux changements démographiques et culturels du XXIème siècle (2013) |
Auteurs : | BACQUE MARIE-FRÉDÉRIQUE |
Type de document : | Article |
Dans : | ANNALES MEDICO PSYCHOLOGIQUES (3 vol 171, 2013) |
Article en page(s) : | 176-181 |
Note générale : | Réf. bibliogr. |
Descripteurs |
[SANTEPSY] CAS CLINIQUE [SANTEPSY] DEUIL [SANTEPSY] MORT [SANTEPSY] REPRESENTATION [SANTEPSY] RITE FUNERAIRE [SANTEPSY] SOUFFRANCE PSYCHIQUE [SANTEPSY] TEMPS [SANTEPSY] TRAUMATISME PSYCHIQUE [SANTEPSY] TRAVAIL DE DEUIL |
Résumé : | Si le deuil est un phénomène carrefour qui croise la culture et l'affectivité, la part culturelle du deuil s'estompe depuis le début du xxe siècle en France. Reste la part affective. On assiste à un renversement de l'expression du deuil. Il y a encore cent ans, l'expression sociale du deuil était majoritaire, le vécu intime restait masqué. Avec les grandes guerres mondiales, la désorganisation des rituels et la perte des croyances en un Dieu protecteur, ce sont les affects du deuil qui sont apparus au premier plan. De collectif, le deuil est devenu solipsiste (référé au moi). La tentative de soigner le deuil s'est développée avec les 'progrès' de la médecine et la médicalisation, plus individuelle, des états affectifs. Le deuil le plus fréquent reste pourtant celui de l'épouse âgée qui perd son compagnon. Mais ce deuil banal est peu bruyant ni visible, les médias mettant plus l'accent sur les deuils exceptionnels. Pourtant, d'ici 2050, le nombre de décès va augmenter de 38 % en France, la prospective évoque 750 000 décès par an. Le deuil n'aura donc rien d'exceptionnel. Cependant, les endeuillés montrent un vécu subjectif de la temporalité qui leur fait refuser la longueur indéfinie du travail du deuil. Le deuil d'aujourd'hui est solitaire, même s'il se crie dans un blog, se cherche sur Facebook. Il se pare de l'incongruité de l'événement extrême, en masquant la destinée plus banale de la majorité, que certains aimeraient court-circuiter dans une mort hâtée, salubre et discrète. Rétablir le lien social autour de la mortalité et de la fragilité de l'existence redonnerait au deuil sa place génératrice de solidarités humaines, sa place affective moteur de l'expérience de l'individu, sa place familiale, inscrivant dans l'histoire les modalités d'attachement et d'identification des membres d'une lignée. [résumé d'auteur] |
En ligne : | http://www.em-premium.com/article/798377 |