Titre : | Traumatisme sévère et psychose post-traumatique (2012) |
Auteurs : | BESSOLES PHILIPPE |
Type de document : | Article |
Dans : | EVOLUTION PSYCHIATRIQUE (1 vol 77, 2012) |
Article en page(s) : | 29-52 |
Note générale : | Bibliogr. |
Descripteurs |
[SANTEPSY] DOULEUR [SANTEPSY] GUERRE [SANTEPSY] ORIGINAIRE [SANTEPSY] PSYCHOPATHOLOGIE [SANTEPSY] PSYCHOSE POST TRAUMATIQUE [SANTEPSY] REPRESENTATION [SANTEPSY] SOUFFRANCE PSYCHIQUE [SANTEPSY] TRAUMATISME PSYCHIQUE [SANTEPSY] VIOLENCE |
Résumé : | La question traumatique est au centre des nouveaux défis de la psychopathologie. Notre contribution de psychose post-traumatique s'inscrit dans cette perspective en références aux sémiologies des traumatismes issus de situations extrêmes comme les victimes du World Trade Center de New York (2001) ou les prises d'otages en Ossétie du nord (2004). Quatre thématiques principales conduisent à la proposition de psychose traumatique alors que la personne présente une structure psychique névrotique. (1) Il n'y a aucune inscription psychique de l'événement traumatique. La sidération confuso stuporeuse ou la fuite panique accompagnée d'hallucinations ou bouffées délirantes aiguës illustrent ce premier aspect clinique. (2) les processus psychiques ignorent le principe plaisir - déplaisir. Ils sont régis par la compulsion de répétition et les hémorragies d'affect de douleur. (3) Le paradigme de la névrose et du conflit psychique ne sont pas opératoires pour gérer les quanta d'affect et l'emprise pulsionnelle. (4) L'éclosion de délires transitoires, de conduites autovulnérantes et d'autolyse complète le tableau clinique. Le référentiel DSM-IV est insuffisant pour valider les enjeux post-traumatiques sévères. Cinq classes syndromiques étayent l'argumentation psychopathologique. (1) la sémiologie est celle d'épisodes délirants transitoires (idées et perceptions délirantes à thématiques persécutoires, cénesthésiques ou hypocondriaques), des confusions mentales (confuso oniroïdes, anxieuses ou stuporeuses), des phases de déréalisation et dépersonnalisation, des vécus agoniques, des troubles graves de l'unité corporelle, des clivages proches des dédoublements de type schizophrénique. (2) L'adhésivité traumatique souligne l'impossibilité de distanciation des victimes avec le traumatisme. Les objets sont agglutinés, persécuteurs et adhésifs. (3) La temporalité traumatique impose une omniprésence factuelle et actuelle du traumatisme. Elle annihile les projections temporelles du patient ainsi qu'une reconstruction anamnestique. (4) Le corps traumatique n'est pas celui des conversions de la psychonévrose hystérique. La sémiologie somatique indique des fonctionnements de type opératoire. (5) La complaisance traumatique ne fonctionne pas au niveau des frayages conduisant à la formation de symptômes. La structure identitaire apparaît désorganisée par le démantèlement des enveloppements psychiques primaires. Quatre considérations théoriques étayent notre contribution. (1) L'inscription pictographique. Le traumatisme sévère ne produit pas la polarité nécessaire au processus d'auto-engendrement (P. Aulagnier) à propos des processus originaires. L'adhésivité traumatique délite les espaces de médiation nécessaires à l'émergence des processus représentationnels. (2) L'affect de douleur. La douleur générée rappelle les expériences premières de détresse du nourrisson, les agonies primitives et les effondrements anaclitiques. Le contrat narcissique est rompu. Le patient vit sans sécurité basale ni contenant psychique suffisamment bon et étayant (D.W. Winnicott). (3) Le statut de l'angoisse. L'angoisse est analogique des angoisses catastrophiques des psychoses mélancoliques ou des angoisses paranoïdes observées dans les hébéphrénies. (4) Le démantèlement corporel. Les effets du traumatisme se traduisent par des somatisations muettes non symbolisables. Elles se manifestent par des éprouvés sensoriels et sensitifs de type dermatoses, prurits, diarrhées, règles hémorragiques ou céphalées rebelles par exemple. Ces deux aspects des formes sévères du traumatisme corroborent la visée traumatolytique inconsciente de l'anéantissement victimaire. La dimension suicidaire apparaît comme l'ultime recours à ne pas sombrer dans la folie et à garder une position subjective face aux figures de la barbarie.[Résumé d'éditeur] |
En ligne : | http://www.em-premium.com/article/695036/ |