Titre : | Esprit critique et démocratie (2011) |
Auteurs : | FRYNS GERTA |
Type de document : | Article |
Dans : | PERSPECTIVE SOIGNANTE (40, 2011) |
Article en page(s) : | 42-62 |
Descripteurs |
[SANTEPSY] AUTONOMIE [SANTEPSY] CONCEPT [SANTEPSY] DEMOCRATIE [SANTEPSY] ETUDE CRITIQUE [SANTEPSY] INTENTIONNALITE [SANTEPSY] PENSEE [SANTEPSY] PHILOSOPHIE [SANTEPSY] POLITIQUE [SANTEPSY] SAVOIR [SANTEPSY] SCIENCES HUMAINES [SANTEPSY] SOIN [SANTEPSY] UTOPIE |
Mots-clés libres: | OPERATIONNALISATION |
Résumé : | L'auteure, infirmière titulaire d'un doctorat en sciences de la santé publique, se méfie des évidences - qui induisent souvent en erreur par manque de réflexion - et en particulier de celle qui consiste à penser que, sans esprit critique, la démocratie est en danger. En effet, la démocratie est en danger, mais pas seulement à cause du manque d'esprit critique quant au respect des libertés de l'être humain, de ses droits et de son autonomie, mais aussi à cause d'un manque d'esprit critique quand au respect de certains principes de production de savoirs. Dès lors, elle préfère déconstruire certaines évidences et fausses certitudes, et questionner les concepts. Ce qu'elle fait avec les concepts, tendanciellement vides de sens parce que fréquemment utilisés dans des contextes et sous des acceptions multiples et incompatibles, de « démocratie », d' « autonomie » et de « science ». Réfutant la logique opérationnaliste, elle souligne l'importance d'un esprit critique, à condition qu'il ne se limite pas à un jugement négatif porté par principe, sans jugement, ni discernement. Véritable « question de l'être », l'attitude politique fait contrepoids au discours scientifique et technique trop réducteur. Rapporté au domaine de la santé et du soin, l'esprit critique (ou l'attitude politique), forcément dialectique (entre moi et l'autre, entre la spécificité et la collectivité), permet de reconnaître la connotation positive du conflit qui porte, au niveau idéologique, sur le respect des personnes. Percevoir le soigné dans son statut de personne qu'il doit écouter, c'est, pour le soignant, faire preuve d'une volonté de le rencontrer dans un esprit de démocratie. Faire confiance aux professionnels capables de créer les conditions de la rencontre et de l'écoute, c'est les considérer comme des acteurs politiques, cherchant à favoriser le débat d'idées dans le respect de l'être humain, unique et singulier, qu'il soit soigné ou soignant. Une utopie ? Quand bien même. S'autoriser l'utopie, c'est, selon le philosophe Paul Ricoeur, « oser explorer des futurs possibles ». L'utopie devient donc, pour l'auteure, la « seule voie d'émancipation qui reste ouverte » à l'être humain. |