Titre : | Eduquer et soigner les adolescents difficiles : la place de l'aide judiciaire contrainte dans le traitement des troubles des conduites (2010) |
Auteurs : | BOTBOL MICHEL ; CHOQUET LH ; GROUSSET J |
Type de document : | Article |
Dans : | NEUROPSYCHIATRIE DE L'ENFANCE ET DE L'ADOLESCENCE (4 vol 58, 2010) |
Article en page(s) : | 224-233 |
Note générale : | Bibliogr. |
Descripteurs |
[SANTEPSY] DELINQUANCE JUVENILE [SANTEPSY] DROIT PENAL [SANTEPSY] MEDIATION EDUCATIVE [SANTEPSY] MINEUR [SANTEPSY] PROTECTION JUDICIAIRE DE LA JEUNESSE [SANTEPSY] TROUBLE DU COMPORTEMENT |
Résumé : | La justice pénale des mineurs entretient des rapports spécifiques avec la psychiatrie et la psychopathologie. L'excuse de minorité sur laquelle elle se fonde la conduit à sortir des conceptions traditionnelles des rapports entre psychiatrie et justice qui attribuent une place centrale à l'expertise psychiatrique dans une logique qui tend à opposer soins et sanction, judiciarisation et psychiatrisation. En affirmant que les mineurs délinquants sont toujours plus ou moins irresponsables pénalement, la justice des mineurs se caractérise par l'idée que les réponses judiciaires aux actes délictueux doivent donner la primauté à l'éducatif sur la répression. Dans cette perspective, la justice des mineurs donne une place centrale à la prise en compte de la personnalité du mineur et donc à son fonctionnement psychique, au point qu'il ne peut y avoir chez le mineur de réponse judiciaire qui ne comporte pas un volet éducatif et « protectionnel », parce qu'il ne peut y avoir, les concernant, d'acte délinquant qui ne soit pas en même temps la manifestation d'une difficulté éducative et psychique. On passe ainsi d'une logique nosographique (normal vs pathologique) à une logique psychopathologique (phénoménologique ou psychanalytique), où ce qui importe n'est plus l'étiquetage du trouble mais le mode de fonctionnement psychique du sujet. Cette intrication entre approche judiciaire et approche « clinique » est sans doute l'une des caractéristiques les plus débattues de la justice des mineurs française. Elle marque profondément les pratiques des services éducatifs qui en dépendent et notamment ceux qui relèvent directement ou indirectement de la protection judiciaire de la jeunesse. Après avoir évoqué les caractéristiques « épidémiologiques » des populations d'adolescents suivis par ces services, cet article s'intéresse plus directement aux mécanismes psychopathologiques à l'oeuvre chez ceux qui apparaissent comme les plus difficiles, du fait de l'importance de leurs conduites agies et de leurs difficultés à tolérer les réponses institutionnelles qui leur sont apportées. Il développe deux axes théoriques pour rendre compte de ces mécanismes : la théorie de la déprivation et de la tendance antisociale développée par Winnicott et l'école anglaise, et la théorie du déséquilibre narcissico-objectal proposée par P. Jeammet qui paraît actuellement dominante dans l'école française. Plus complémentaires qu'opposées, ces deux approches théoriques donnent une place majeure à la réalité externe dans la vie psychique des sujets concernés. En partant d'une lecture directe des textes législatifs qui fondent la justice pénale des mineurs (en particulier de l'ordonnance du 2 février 1945) et à un examen critique des interprétations qui leur ont été données depuis leur promulgation, l'article s'attache ensuite à dégager ce qui lui paraît le plus constitutif de la justice pénale des mineurs en France : une étroite intrication entre protection et sanction. Il montre que toute tentative de sortir de cette intrication mettrait radicalement en cause les pratiques de réseaux permettant d'articuler psychiatrie et justice des mineurs dans la prise en charge des adolescents difficiles. Il plaide donc pour une prise en compte accrue de cette intrication et le développement des modèles thérapeutiques les plus compatibles avec cette conception autour de pratiques qui appuie l'approche clinique sur les médiations éducatives, en adaptant au contexte judiciaire et éducatif les principes éprouvés dans les cures institutionnelles en psychiatrie de l'adolescent [résumé d'auteur] |
En ligne : | http://www.em-premium.com/article/253718 |