Titre : | L'idée qui absorba les facultés de l'entendement : du syncrétisme des conceptions linguistiques de Philippe Pinel (2022) |
Auteurs : | EL OMEIRI ALEXANDRE |
Type de document : | Article |
Dans : | EVOLUTION PSYCHIATRIQUE (2 vol 87, 2022) |
Article en page(s) : | 303-325 |
Note générale : | Bibliogr. |
Descripteurs |
[SANTEPSY] ANTHROPOLOGIE [SANTEPSY] EPISTEMOLOGIE [SANTEPSY] HISTOIRE DE LA PSYCHIATRIE [SANTEPSY] LANGAGE [SANTEPSY] THEORIE |
Mots-clés libres: | PINEL PHILIPPE |
Résumé : | La littérature historique a produit un démembrement de la figure de Pinel et de sa postérité. L'objectif de cet article est d'abord de confronter Pinel à lui-même et aux paradoxes de ses influences théoriques. En cela, l'abord par les théories du langage représente une perspective parmi d'autres sur les fondations conceptuelles de l'aliénisme. La mise en évidence d'un syncrétisme dans les conceptions du rapport de la pensée au langage que mobilise Pinel permet de porter le doute sur les influences théoriques dont il se revendique le plus ostensiblement, et qu'on lui attribue le plus obstinément. Pour tenter de discriminer les différentes conceptions du rapport pensée-langage dans l'œuvre de Pinel, nous analysons les occurrences du mot ' idée ', quand ce dernier est utilisé dans un effort de description, ou de conceptualisation, de la pensée des aliénés. Nous nous basons sur une typologie des modes variés qu'il peut imprimer au rapport de la pensée et du langage, que nous avons établie à partir des théories du langage ayant pu influencer les conceptions de Pinel : celle de Condillac, celle de Locke et celle de la tradition germanique (Herder). La perspective du rapport pensée-langage montre dans quelle mesure Pinel s'était appuyé sur des conceptions théoriques divergentes, et parfois contradictoires. Que Pinel se soit ou pas inspiré des théories du langage de Condillac n'a que peu d'importance. Il en a nécessairement tiré quelque chose. L'essentiel est que ce qu'il conçoit du rapport pensée-langage à partir des théories du langage de Condillac rentre en contradiction directe avec d'autres influences théoriques prégnantes. Ce qui nous permet de définir comme syncrétiques les conceptions linguistiques de l'aliéniste. Michel Foucault explique par l'influence prépondérante de la philosophie de Condillac sur les médecins du début du XIXe, ce qu'il appelle l’' isomorphisme ' du langage et du réel. C'est-à-dire la prédétermination de ce qui est perçu par les médecins comme un symptôme, par la structure de la taxinomie, et donc du langage, qui est appelé à le percevoir. C'est la fragilité constitutive de la psychiatrie. Le concept de syncrétisme anthropologique des fondations conceptuelles de la psychiatrie, que nous présentons ici, ouvre une perspective selon laquelle il s'agirait d'une qualité constitutive ne fragilisant pas la psychiatrie mais, à l'inverse, la consolidant en accordant les théories au syncrétisme d'une pratique humaine. La notion épistémologique de syncrétisme anthropologique qualifie les fondements conceptuels de la psychiatrie envisagés sous l'angle de son élaboration progressive par les hommes et les femmes qui y mirent un peu d'eux-mêmes en la pratiquant. Car avant d'être humaniste, la psychiatrie est humaine. [Résumé d'éditeur] |
En ligne : | https://www.em-premium.com/article/1524847/article/l-idee-qui-absorba-les-facultes-de-l-entendement-d |