Titre : | L'imputabilité d'une addiction à un trouble post-traumatique est-elle envisageable dans le cadre d'une expertise du dommage corporel ? (2023) |
contenu dans : | |
Auteurs : | ADVENIER FRÉDÉRIC ; SINANIAN ALEXANDRE ; WULFMAN RENÉ ; EDEL YVES |
Type de document : | Article |
Dans : | ANNALES MEDICO PSYCHOLOGIQUES (3 vol 181, 2023) |
Article en page(s) : | 227-233 |
Note générale : | 32 réf. bibliogr. |
Descripteurs |
[SANTEPSY] ADDICTION [SANTEPSY] CAS CLINIQUE [SANTEPSY] COMORBIDITE [SANTEPSY] EXPERTISE PSYCHIATRIQUE [SANTEPSY] PATHOLOGIE PSYCHIATRIQUE [SANTEPSY] REVUE DE LA LITTERATURE [SANTEPSY] SYNDROME POST TRAUMATIQUE |
Résumé : | Objectifs : Dans le cadre de l'examen psychiatrique des dommages d'une victime, la recherche d'un lien d'imputabilité entre un événement, un syndrome post-traumatique et des symptômes d'addiction est particulièrement difficile. Nous tentons de clarifier les problèmes liés au raisonnement médico-légal en psychiatrie. Matériel et méthode : Nous effectuons une revue de la littérature sur deux points. Le premier concerne les notions d'imputabilité, de causalité médicale et de causalité juridique. Le deuxième porte sur les liens entre des conduites addictives et des symptômes traumatiques. Via PubMed et Ascodocpsy, avec les mots clefs suivants : 'Substance use disorder in patient with post-traumatic stress disorder'. Dans le champ psychodynamique avec la notion de 'traumatophilie'. Résultats : 1-Le raisonnement juridique rentre dans une démarche rétrospective et recherche l'attribution sociale d'une responsabilité pénale, civile ou administrative. Il est en contradiction avec le raisonnement médical qui vise un projet de soins tourné vers l'action, l'avenir et une possible guérison. 2-Les critères d'imputabilité sont issus d'une médecine d'organe et sont marqués par un modèle lésionnel d'organe. Ils ne sont pas pertinents pour la psychiatrie. 3-Les liens entre le traumatisme et l'addiction sont complexes car il existe une influence réciproque entre l'addiction et l'état de stress post-traumatique : la persistance de l'un favorise la rechute ou l'aggravation de l'autre. Sur un plan statistique, les études montrent une association franche entre des troubles addictifs et des troubles psycho-traumatiques. Les patients qui présentent une comorbidité ESPT-addiction ont par rapport à un ESPT isolé, une évolution plus péjorative surtout si cette comorbidité est associée à des antécédents d'abus durant l'enfance, des maltraitances, une pathologie antérieure, la prise de cocaïne et d'opiacés, un faible soutien par les proches. Quatre modèles psychopathologiques font références : le modèle de risque élevé de trauma, le modèle de vulnérabilité partagée, le modèle de susceptibilité, le modèle de l'automédication. Sur un plan psychodynamique, l'addiction peut se modéliser comme une tentative d'anesthésie psychique, de contrôle et de liaison des angoisses traumatiques. Conclusion Pour clarifier le raisonnement médico-légal en psychiatrie portant sur l'imputabilité d'un événement sur des symptômes psycho-traumatiques et des symptômes addictifs, nous proposons d'assumer les spécificités de la maladie mentale. Les maladies mentales sont des maladies fonctionnelles. Il faut donc chercher des modalités de liaison, et non de lésion, entre différents facteurs psychiques. L'addiction est à envisager systématiquement comme un facteur comorbide d'un syndrome psychotraumatique. Entre une addiction et un ESPT : la persistance de l'un favorise la rechute ou l'aggravation de l'autre. Le lien d'imputabilité nous apparaît intéressant à explorer selon les hypothèses développées dans les modèles de comorbidité somatoformes ou bipolaires. Nous proposons plusieurs questions-types qui peuvent aider à la poursuite d'un raisonnement clinique autour de l'imputabilité des troubles. [résumé d'auteur] |
En ligne : | https://www.em-premium.com/article/1576965 |