Titre : | Les choix moraux du psychopathe sous le prisme de la théorie de l'identité morale (2021) |
Auteurs : | GARCIA MATHIEU |
Type de document : | Article |
Dans : | EVOLUTION PSYCHIATRIQUE (3 vol 86, 2021) |
Article en page(s) : | 663-674 |
Descripteurs |
[SANTEPSY] MORALE [SANTEPSY] PSYCHOPATHIE [SANTEPSY] TEMPORALITE PSYCHIQUE |
Résumé : | "Infirmant l'hypothèse voulant que le psychopathe ne possède pas le discernement moral requis pour penser ses actions à la lumière de certaines raisons morales, plusieurs études suggèrent chez ce dernier la présence d'un décalage entre ce qu'il évalue, juge ou reconnaît et ce qu'il choisit effectivement de faire. Or, si les théories de la motivation morale destinées à rendre compte de cet écart privilégient généralement des positions soit rationalistes, soit émotivistes, de récents travaux en philosophie expérimentale ainsi qu'en psychologie morale tendent à accorder une place de plus en plus centrale à la notion d'identité morale, laquelle constituerait une source supplémentaire – et in fine véritablement déterminante – de motivation morale puisant dans des normes non pas objectives et impersonnelles, mais bien subjectives et personnelles. Après avoir montré que nos raisonnements moraux et nos affects ne sont en eux-mêmes pas suffisants pour éclairer l'origine – et la variabilité intra- et interindividuelle – de nos décisions morales, nous présentons la conception personnologique du soi moral (moral self) et le rapport normatif à soi qu'elle suppose. Nous discutons ensuite la nature de la relation entre personnalité psychopathique et identité morale. Il ressort de certaines recherches menées auprès d'adultes que les différences en termes de capacités de jugement moral ne prédisent en aucun cas les niveaux de traits psychopathiques relevés. Les sujets caractérisés par un fonctionnement de type psychopathique n'intègreraient en revanche que de façon minimale – et anecdotique – des traits moraux à leur conception d'eux-mêmes. Ils parviendraient difficilement à se percevoir ou à se concevoir comme des agents moraux façonnés et définis par une série d'engagements éthiques. L'influence motivationnelle du soi moral sur nos choix moraux repose sur un processus auto-référentiel qui s'apparente à une réflexion de troisième ordre consistant à questionner le genre de personne que je veux être et que j'ai à être ; à évaluer le degré de conformité de mes désirs momentanés avec ce que je désire désirer sur le plan moral. Ce qui présume, nous le verrons, une sorte de détachement vis-à-vis de l'actuel, pour identifier – et ainsi s'identifier à – des résolutions morales passées. Nous finissons par défendre la thèse selon laquelle la psychopathie pourrait, dans certains cas au moins, résulter d'une incapacité à voyager mentalement dans le temps compromettant la distanciation ou le désengagement vis-à-vi |