Titre : | Enjeux de la contention mécanique dans les services d'urgence (2021) |
Auteurs : | KHIREDDINE-MEDOUNI IMANE ; GOUREVITCH RAPHAËL |
Type de document : | Article |
Dans : | ANNALES MEDICO PSYCHOLOGIQUES (8 vol 179, 2021) |
Article en page(s) : | 722-730 |
Note générale : | 14 réf. bibliogr./notes de bas de page |
Descripteurs |
[SANTEPSY] CAS CLINIQUE [SANTEPSY] CONTENTION [SANTEPSY] DEONTOLOGIE [SANTEPSY] EVOLUTION [SANTEPSY] ISOLEMENT THERAPEUTIQUE [SANTEPSY] PSYCHIATRIE MEDICO LEGALE [SANTEPSY] RECOMMANDATION [SANTEPSY] REGLEMENTATION [SANTEPSY] URGENCE PSYCHIATRIQUE |
Résumé : | En France, un texte de Loi prévoit dorénavant un encadrement particulièrement strict des mesures d'isolement et de contention s'agissant des patients faisant l'objet de soins contraints en psychiatrie. Ce texte, qui s'ajoute à d'autres déjà existants et eux-mêmes assez récents, est apparu à de nombreux professionnels comme d'une part suspicieux à l'endroit des équipes de psychiatrie, et d'autre part et surtout comme parfaitement inapplicable, sauf à désorganiser les équipes médico-infirmières et administratives. Si ces pratiques sont ainsi (trop ?) encadrées par la loi dans le cadre des soins psychiatriques sans consentement, il n'existe pas de textes juridiques aussi clairs pour leur pratique en amont, dans les services d'urgence spécialisés ou non. Or les équipes de ces services accueillent des patients en crise, agités et potentiellement violents y compris contre eux-mêmes, pour lesquels des mesures alternatives moins restrictives peuvent se montrer inefficaces ou inappropriées et qui nécessitent, sur la base d'arguments cliniques justifiés, des mesures coercitives. Objectifs et méthodes : Ce travail mené avant la promulgation des textes les plus récents (qui n'abordent pas non plus la pratique en amont de l'hospitalisation) et s'appuyant sur des entretiens avec divers experts, enrichi par la consultation de base de données juridiques, fait le point sur les considérations cliniques, juridiques et éthiques qui doivent encadrer ces pratiques en l'absence d'un cadre juridique clair ou de recommandations nationales. Résultats : Il apparaît que la pratique de la contention physique dans les services d'urgence s'avère parfois nécessaire. L'étude des dernières décisions dans la jurisprudence française montre que les services d'urgence doivent, dans certaines situations prendre les mesures nécessaires pour les patients 'telle que [la] contention, [un] traitement chimique ou [une] surveillance intensive', au risque, sinon, de se mettre en faute. La jurisprudence nous apprend également que la contention physique dans les services d'urgence doit être effectuée dans le respect des recommandations de bonne pratique rédigées dans un autre cadre. Ce socle d'information juridique n'est pas partagé par l'ensemble des praticiens travaillant aux urgences et une meilleure diffusion, notamment par la publication d'un article scientifique synthétisant ces informations, pourrait s'avérer nécessaire. Par ailleurs, en l'absence de recommandations de bonnes pratiques pour la réalisation de la contention physique spécifiquement dans les services d'urgence, le travail de standardisation de la contention physique et des fiches de surveillance semble nécessaire et doit se poursuivre. Enfin, il est fortement recommandé de mettre en place une surveillance de ces pratiques afin de connaître leur étendue, analyser leur évolution dans le temps et viser à terme leur réduction : à cet égard une proposition est faite. Conclusion : Au risque d'un paradoxe provocant, on est tenté de dire qu'aux urgences il y a finalement moins de risque médicolégal à contenir qu'à ne pas contenir – à condition de ne pas le faire sans une surveillance appropriée. Bien sûr, aux urgences plus encore qu'ailleurs, de telles mesures sont transitoires et n'aboutissent pas toujours à une admission en soins psychiatriques contraints. Tout est question de proportionnalité des mesures prises face au danger ressenti. Pour notre part, nous ne souhaitons pas qu'à l'actuel entre-deux juridique qui laisse aux équipes toute la souplesse indispensable à la pratique aux urgences, succède la rigidification législative observée aujourd'hui dans le cadre de l'hospitalisation contrainte – mais encore faut-il que chaque décision soit justifiable, solidement argumentée et tracée. [Résumé d'auteur] |
En ligne : | https://www.em-premium.com/article/1476495 |